Source A :
AIR A BOIRE - dans - Recueil d'airs sérieux et à boire - Paris, Christophe
Ballard, 1698.03 - partition, p. 46-47 - F-Pn/ Vm7 531 [c]
« Cette parodie est sur les mesmes rimes de l'Air qui se chante à l'Opera.
»
Autres sources :
B - Les Bergers. - dans - Nouvelles poésies morales - Paris, Lottin et Butard,
1737 - partition, vol. 8, p. 41 - F/ coll. part.
Code source :
AC.RASB 1698.03 (2)
Type de source :
originale
Description de la source :
I (source musicale A)
Dieux que ce jus, - Prepare à Bachus - De conquêtes nouvelles ; - Tous les appas -
Dont brillent les plus belles, - Ne le vallent pas : - Il va fléchir plus de coeurs
rebelles, - Que l'Amour jamais n'en soûmit par ses traits ; - On peut sans craindre
- En boire cent coups, - Qui pourroit se plaindre - D'un excès si doux ; - Au Dieu
Bachus cedons la victoire - Il previent & remplit tous nos desirs, - Pour luy
quelle gloire, - Pour nous quels plaisirs.
Ah ! que Bachus, - Prepare à Venus - De conquêtes nouvelles ; - Un plein repos - Ne
permet de querelles - Que parmy les pots : - Il va nous rendre à ses loix fideles,
- Amis, desormais - Nous boirons à longs traits ; - Loin de le craindre - Trinquons
cent coups, - Qui pourra se plaindre - D'un combat si doux, - Au Dieu du vin cedons
la victoire, - Quand il nous soûmet, plus de desirs ; - C'est au moins pour sa gloire,
- Que pour les plaisirs.
II (source musicale A, source littéraire A)
Aimons le vin, - Sans ce jus divin - Comment passer la vie ; - Tous les appas - De
Philis, de Silvie, - Ne le valent pas. - Lorsque je bois j'ay l'ame ravie, - Et dans
mes amours, - Je soupire toûjours ; - Prenons le verre - Buvons cent coups, - L'Amour
ne peut faire - De plaisir si doux - Au Dieu Bachus cédons la victoire, - Nous avons
déja trop attendu ; - Tems passé sans boire, - Est un tems perdu.
III (source musicale parodiée, sources littéraires B et C)
Ah ! que l'Amour - Prepare en ce jour - [Ah ! que ce jour/ Va faire à l'Amour dans
les sources litt. B et C] - De conquestes nouvelles ! - Que ses appas - Vont soûmettre
de belles, - Qui n'y pensent pas ! - Il va fléchir tous les coeurs rebelles, - Il
va pour jamais les blesser de ses traits ; - Loin de les craindre - Cherchons leurs
coups, - Quel coeur peut se plaindre - D'un tourment si doux ; - Au Dieu d'Amour cedons
la victoire, - Quand il nous soumet à ses desirs, - C'est moins pour sa gloire, -
Que pour nos plaisirs.
Que tes faveurs - Vont charmer les coeurs ! - Amour, que de cruelles - Tu vas dompter
! - Et que d'Amans fidelles, - Vont en profiter ! - Tu vas fléchir tous les coeurs
rebelles, - Tu vas pour jamais les blesser de tes traits ; - Loin de les craindre
- Cherchons leurs coups, - Quel coeur peut se plaindre - D'un tourment si doux ; -
Au Dieu d'Amour cedons la victoire, - Quand il nous soumet à ses desirs, - C'est moins
pour sa gloire, - Que pour nos plaisirs.
IV (source musicale B)
Ah ! qu'il est doux - De vivre avec vous, - Bergers dont l'innocence, - Ne sçait point
l'art - De couvrir ce qu'on pense - Des couleurs du fard. - Ah ! que mon coeur - A
de complaisance - Pour votre candeur - Et pour votre pudeur ! - Dans vos caresses
- Est la bonté, - Et dans vos promesses - La sincérite - Dans vos hameaux - Jamais
ni l'envie, - Ni les airs trop hauts, - Ni les coeurs faux - N'ont de votre vie -
Troublé le repos.
V (source littéraire D)
AH ! que mon coeur - Goûte de bonheur, - Un feu divin m'enflamme, - Je meurs.... Je
sens.... - Quel trouble dans mon ame !... - Quels ravissemens !... - Mes sens sont
pleins d'une douce yvresse, - Une vive ardeur - succéde à ma langueur, - L'amour me
presse, - D'autres transports - Font de ma tendresse - Naître les efforts : - De cent
plaisirs le torrent m'inonde, - Je brûle.... Grands Dieux ! .. je... je me meurs...
- Ah ! ... mon ame abonde - De mille douceurs.
On fout ; il se fait là une décharge générale de foutre, qui forme le plus beau coup
du Théâtre du monde.
Second couplet.
Ranimons-nous, - Par de nouveaux coups - Ressuscitons la flamme - Que les plaisirs
- Allument dans notre ame : - Je sens des désirs.... - Mes sens sont pleins d'une
douce yvresse.... - Une vive ardeur - Succéde à ma langueur... - L'amour me presse,
- D'autres transports - Font de ma tendresse - Naître les efforts : - De cent plaisirs
le torrent m'inonde,... - Je brûle.... Grands Dieux ! .. je... je me meurs... - Ah
! ... mon ame abonde - De mille douceurs.
Comparaison sources : B comporte de nombreux ornements et des variantes au niveau des chiffrages de la basse
continue. L'indication de jeu est différente : "LOURE. Léger & Gracieux.". Une
variante intéressante, mesure 34, troisième noire qui témoigne de l'évolution des
règles de composition entre 1697 et 1737 : suppression de la syncope d'harmonie présente
dans l'oeuvre parodiée. Le fa devient mi (partie de dessus) et ré devient do# à la
basse. Cette modification pourrait avoir été à l'initiative du compositeur Clérambault,
très soucieux dans ses compositions des règles modernes de l'harmonie, qui selon l'avertissement
aurait chiffré les basses des recueils.