Note sur le texte :
Médée/ tragédie/ en musique/ représentée/ par l'Académie
Royale de Musique./ On la vend/ à Paris/ à l'entrée de la Porte de
l'Académie Royale de Musique,/ au Palais Royal./ rüe Saint Honoré./
Imprimée aux dépens de ladite Académie./ Par Christophe Ballard, seul
imprimeur du Roy/ pour la musique./ MDCXCIII - livret, 79 p.
Commentaires contemporains :
À COMPLÉTER - Mercure galant (décembre 1693), p. 322-324 : - --"On
joue un opéra intitulé "Médée". C'est un sujet consacré par
l'Antiquité et qui a reçu l'approbation de tous les fidèles. Ainsi
on ne peut rien trouver à redire au fond de son sujet ny aux caractères
que les Anciens nous en ont donnez... Les passions y sont vives et surtout dans [le
rôle de] Médée, que quand ce rôle ne serait pas récité,
il ne laisserait pas de faire beaucoup d'impression sur l'esprit des auditeurs. Jugez
si ayant donné lieu à faire de belle musique, Mademoiselle Rochois, l'une
des meilleures actrices du monde, et qui joue avec chaleur, finesse et intelligence,
brille dans ce personnage et en fait valoir les beautez. Tout Paris est charmé
de la manière dont cette excellente actrice joüe, et on ne peut se lasser
de l'admirer. - Cet opéra a été mis en musique par Mr. Charpentier
dont depuis vingt ans on a vu mille endroits de musique qui ont ravy dans diverses
pièces de théâtre : "Le mariage forcé", "Le mariage imaginaire",
"Circé", et "L'Inconnu" en font foy. Il y a dans ces deux premières, deux
airs italiens qui charment, de même que celui de l'opéra de "Médée".
On ne doit pas en être surpris, Mr. Charpentier ayant appris la musique en Italie
sous le Charissimi dont Mr. de Lulli a été aussi disciple. Ainsi l'on ne
peut nier qu'ils aient puisé l'un et l'autre à la même source. Les
véritables connoisseurs trouvent quantité d'endroits admirables dans l'opéra
de "Médée". Mr. Charpentier qui l'a fait graver, eut l'honneur de le présenter
au Roy, il y a quelques jours, et Sa Majesté luy dit que "Elle estoit persuadé
qu'il estoit un habile homme et qu'elle y avoit de très belles choses dans son
opéra". Quoique l'on n'en ait encore donné que neuf ou dix représentations,
Monsieur le Dauphin y est déjà venu deux fois et Son Altesse Royale, Monsieur,
l'a vu quatre fois. Il a eu la destinée des beaux ouvrages contre lesquels l'envie
se déclare d'abord, mais ils en brillent après davantage... Les décorations
et les habits de l'opéra de "Médée" sont de Mr. Bérin. Sa réputation
et son sçavoir sont si confirmez sur ces deux articles que je ne pourrois vous
en dire davantage sans luy faire tort..."
Brossard, Catalogue, p. 183 : - "TROISIEME PARTIE/ Musique de Chambre ou de Théatre/
In folio/ Operas françois/ [...] Au reste pour revenir a son opera de Medée
cy dessus, il est sans contredit le plus sçavant et le plus recherché de
tous ceux qui ont été imprimez, du moins depuis la mort de M.r de Lulli,
et quoyque par les caballes des envieux et des ignorants, il n'ait pas esté si
bien receu du public qu'il le meritoit du moins aussi bien que beaucoup d'autres,
c'est celuy de tous les opperas, sans exception, dans lequel on peut apprendre plus
de choses essentielles a la bonne composition. C'est ce qui fait que j'ay doutté
longtems si je ne devois pas le mestre plustost parmi les Theoriciens, c'est a dire
parmi les maitres de l'art de la musique, que dans le rang des simples operas."