Notes et références : Selon Wiley H. Hitchcock, Charpentier réutilisa dans l'Inconnu l'ouverture et
douze airs composés initialement pour Les Amours d'Acis et de Galatée («
Marc-Antoine Charpentier and the Comédie-Française », Journal of the
American Musicological Society, XXIV (1971), p. 268) : « October 17, 1679: A
revival of L'Inconnu is begun. During the course of six performances, Charpentier
is paid 16 livres 10 sols 'pour augmentation'. It was for this revival that Charpentier
used some of the music in his cahier XXIV (vol. XVII, 47-51v). The title on folio
47 reads: Ouverture du prologue 'd'Acis et de Galatée' crossed out; 'de l'Inconnu'
added). A series of dances follows the overture, ending with an unfinished loure,
titled 'Satyres du prologue de l'Inconnu », on folio 51v; at the bottom of that
page, upside-down, we read 'Ouverture de l'Inconnu et autre pièces'. As with
the overture for Le Dépit amoureux, Charpentier here re-used an earlier overture
for a later play. The Overture du prologue 'd'Acis et de Galatée' and the dances
that follow on folios 48-50v (which are added 'Première scène' and end with
the note 'Fin de la première partie') probably belonged originally to a work
of 1678. » Catherine Cessac estime pour sa part qu'il est difficile de savoir
si ces pièces ont appartenu à Acis et Galatée et même à l'Inconnu
(voir Marc-Antoine Charpentier, Paris, Fayard, 2004, p. 98).
Contrairement à ce qu'affirme W. H. Hitchcock, nous estimons que seule l'ouverture
du prologue d'Acis et Galatée a été réutilisée pour l'Inconnu.
Nous nous appuyons pour cela sur les éléments suivants : - la plume utilisée
par Charpentier pour copier l'ouverture est plus épaisse que celle utilisée
pour les autres pièces, ce qui montre qu'elles n'ont pas été copiées
dans le même temps. L'indication « d'Acis et de Galathée » ne
vaut probablement que pour l'ouverture ; - en conséquence, les mentions signalées
par Hitchcock « Satyres du prologue de l'Inconnu » et « Ouverture de
l'Inconnu et autres pieces » après les brouillons biffés indiquent
donc la destination de l'ensemble des pièces instrumentales, mais ne valent pas
pour Acis et Galatée ; - les personnages mis en scène dans ces danses pour
la « première partie » (satyres, démons, combattants) ne concordent
pas avec ceux de la pastorale de La Fontaine qui fait intervenir durant le premier
acte des bergers et des bergères ainsi que Poliphème (en revanche, les personnages
qui apparaissent ensuite dans la partition de Charpentier, des bergers, des nayades
et le dieu Pan) sont plus en rapport avec le second acte de La Fontaine.
Notes sur l'attribution : L'attribution du livret de ce petit opéra à Jean de La Fontaine est due à Francis
Lippa et Hugo Reyne qui ont remarqué la similarité des paroles de l'air « Brillantes
fleurs naissez » (H.449) avec la Galatée de Jean de La Fontaine. En raison de la similitude
des titres, ils en ont déduit que Charpentier avait mis en musique l'intégralité du
poème (voir « Jean de La Fontaine : un portrait musical, Virgin Classics ldt, 1996,
7243 5 45229 2 5, p. 12-13). Cette attribution nous semble cependant douteuse, notamment
en raison du fait que La Fontaine, lorsqu'il publia en 1682 son poème - inachevé -
ne fait aucune allusion à une quelconque mise en musique :
« Je n'ay point commencé cet ouvrage dans le dessein d'en faire un Opera avec les
accompagnemens ordinaires, qui sont le spectacle, & les autres divertissemens.
Je n'ay eu pour but que de m'exercer en ce genre de Comedie ou de Tragedie mélé de
Chansons, qui me donnoit alors du plaisir. L'inconstance & l'inquietude, qui me
sont si naturelles, m'ont empéché d'achever les trois Actes à quoy je voulois reduire
ce sujet. Si l'on trouve quelque satisfaction à lire ces deux premiers, peut-étre
me resoudray-je à y ajouter le troisiéme. » - [Galatée dans Poëme du quinquina et
autres ouvrages en vers de M. de La Fontaine, Paris, Denis Thierry, Claude Barbin,
1682, p. 94]