Note sur le texte :
Jeux/ A L'honneur/ De la Victoire./ Ballet. - manuscrit, 265 x 200 mm, [1]-32 f. -
F-Pn/ ms fr 2217
Reliure cuir rouge aux armes du roi. - 2 f. blancs non numérotés - f. [1]
: page de titre - f. 1-2 : dédicace - f. 3 blanc - f. 4-7 : Prologue - f. 8-14
: L'enlèvement d'Orithie. Premier divertissement - f. 15 blanc - f. 16-22v :
Les amours de Vertumne et de Pomone. Second divertissement - f. 23 blanc - f. 24-31
: Les courses d'Athalante. Troisième divertissement - f. 32-32v : Entrée
générale - 2 f. blancs non numérotés
dédicace - Au Roy - Sire - Jamais Divertissement ne fut plus de saison que celuy
cy. Dans un tems, ou Vôtre Majesté triomphe seule de tout un monde d'Ennemis,
Il est si naturel de faire des Jeux a La Victoire, qu'il semble que tout autre sujet
respondroit moins bien à l'Eclat de tant de Conquestes Nouvelles, Et principalement
de la Derniere, qui fait l'Etonnement de l'Univers, Par son incroïable Rapidité
que l'on doit à la Présence redoutable de Vôtre Personne sacrée".
Icy quelle Matiere vient s'offrir a mon Imagination ! Que n'ay-je le don d'exprimer
dignement tout ce que je comprends de la Grandeur de Vôtre Majesté ! Mais
il n'appartient pas a un Esprit foible come le mien de prendre un Essor si élevé.
C'est bien assez pour moy d'oser mesler quelques Chants aux acclamations generales.
Il est vray, Sire, que d'abord que l'on m'a proposé cette piece, j'ay eü
un extréme Empressement de l'entreprendre. Tout ce qui a pour but la Gloire de
Vôtre Majesté excite merveilleusement ; Et quand le desir de luy plaire
s'y joint, de quoy ne vient on point a bout ? C'est par un si juste motif que j'ay
toûjours été animée au travail. Dès l'âge le plus tendre
(ce souvenir me sera éternellement précieux.), Présentée a Vôtre
Illustre Cour, ou j'ay eü l'honneur d'estre pendant plusieurs années, j'ay
appris, Sire, a vous consacrer toutes mes Veilles. Vous daignâtes dés lors
agréer les prémices de mon genie, et Il vous a plû depuis d'en recevoir
encore quelques Productions. Mais ces marques particulieres de mon zele ne me suffisoient
pas, Et je respirois l'heureuse occasion d'en pouvoir donner de publiques. Voila ce
qui m'a portée a faire ce ballet pour le Théatre. Ce n'est pas d'aujourd'huy
que des femmes y ont donné d'excellentes Piéces de poësie, qui ont
eü un très grand succés. Mais jusqu'icy Nulle n'a essaïé
de mettre tout un Opera en Musique ; Et je tire cet avantage de mon Entreprise que
plus elle est Extraordinaire, plus elle est digne de Vous, Sire, et plus elle authorise
la liberté que je prends de Vous offrir cet ouvrage, comme un témoignage
nouveau du profond Respect, et de la veneration infinie avec laquelle je suis,
Sire - De Vôtre Majesté
La tres humble, tres obeissante, - et tres fidelle servante et sujette - De La Guerre.
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