Note sur le texte :
PROGRAMME/ DU BALLET/ D'ÉGLÉ,/ COMÉDIE EN VERS,/ De M. vallier, Colonel d'Infanterie,
de l'Académie/ des Sciences & Belles-Lettres d'Amiens ; de la Société/ Royale
des Sciences & Belles-Lettres de Nancy./ Représentée devant LEURS MAJESTÉS,/ à
Fontainebleau, le 29 Octobre 1765./ DE L'IMPRIMERIE,/ De CHRISTOPHE BALLARD, Seul
Imprimeur/ du Roi pour la Musique, & Noteur de la Chapelle/ de Sa Majesté./ M.DCC.LXV./
Par exprès commandement de SA MAJESTÉ. - In 8°, 36 p. - F-Pn (Arts du Spectacle)/
8 RO 1278
- p. [3], [11], 35, tampon noir : BIBLIOTHEQUE DE L'ARSENAL. RONDEL - p. [3], 27,
35, [36], tampon noir [illisible].
- p. [1]-10 : PROGRAMME DU BALLET D'ÉGLÉ.
- p. [11] : LE TRIOMPHE/ DE FLORE,/ BALLET/ representé devant LEURS MAJESTÉS,/ à Fontainebleau,
le 29 Octobre 1765./ DE L'IMPRIMERIE,/ De CHRISTOPHE BALLARD, Seul Imprimeur/ du Roi
pour la Musique, & Noteur de la Chapelle/ de Sa Majesté./ M.DCC.LXV./ Par exprès
commandement de SA MAJESTÉ.
- p. [12] : - Les Paroles sont de M. VALLIER, Colonel d'Infanterie, de l'Académie
des Sciences & Belles-Lettres d'Amiens, & de la Société Royale des Sciences
& Belles-Lettres de Nancy.
La Musique est de M. D'AUVERGNE, Sur-Intendant de la Musique du Roi.
Les Ballets de la composition de MM. LAVAL, Père & Fils, Maîtres des Ballets de
SA MAJESTÉ.
- p. [13-14] : SI l'on eût voulu sacrifier à ce qu'on appelle la bienséance du Costume,
on se seroit bien gardé de ne pas mettre la Scène dans le Nord, où les Mers sont couvertes
de glaces. Mais le dessein de l'Auteur étoit d'établir la puissance des Dieux par
un prodige évident : c'est ce qui lui a fait choisir un climat tempéré, où l'âpreté
des Hyvers est peu connue. D'ailleurs l'action se passe dans une Contrée où Eole a
regné. Dans une circonstance malheureuse, il s'étoit retiré chez Liparus, Prince des
Isles de Liparie, dont plusieurs ont été nommées Éoliennes ; on en a fait le Royaume
de Liparie. Il étoit encore nécessaire de placer la Scène dans un pays où Flore fût
révérée ; la puissance de cette Déesse, opposée à celle d'Éole, fait contraster d'avantage
le tableau de l'Hyver avec celui du Printems. On saisira aisément la vérité sous l'enveloppe
de cette Allégorie. Les paroles du Choeur des Peuples, Scène VI. - Dieux ! Conservés
les jours de notre Auguste Maître ! - Rappelleront des expressions de sentiment arrachées
par la tendresse à une Nation qui [p. 14] adore les Maîtres. On n'aura pas besoin
de recourir à la Fable pour trouver le modèle qui a fait imaginer le caractère de
Liparus. Le reste du Ballet est l'ouvrage de la fiction. On s'est attaché à revêtir
cette bagatelle de beaucoup de Spectacle, persuadé que des tableaux mis en exécution
& animés par la Magie de la Musique, doivent constituer le fond d'un Opéra, les
Paroles n'en étant que l'accessoire : le devoir du Poëte, en quelque sorte, est d'indiquer,
celui du Musicien d'achever. Mais ce n'est point ici l'occasion de nous arrêter aux
principes d'un ouvrage Lyrique, & d'en tracer des préceptes. - Peut-être, selon
ces regles, auroit-on dû faire paroître le Fils d'Éole, Rival d'Androclée ; Mais on
a crû que ce n'eût été que des Scènes de plus qui auroient réfroidi l'action, par
la façon dont l'Auteur les eût rendues. C'est un Peintre peu confiant dans ses talens,
attentif à ne pas multiplier les objets de son Tableau.
- p. [15] - ACTEURS DES CHOEURS. - LES DEMOISELLES - Canavas. : Bouillon. - Bertin.
: Desjardins. - Favier. : Daigremont. - Dubois, C. : Mezieres. - Camus. : Lemonier.
- De Chevremont. Dumas. - Aubert.
LES SIEURS. - Ducroc. : Charles. - Joguet. : Joly. - L'Évèque. : Meon. - Cochois.
: Bolson. - Bosquillon. : Le Begue. - Guerin. : Bazire. - Abraham. : Camus. - Roisain.
: Besche 3e. - Cachelievre. : Feret. - Caze. : Favier. - Lecuyer. : Puceneau. - Daigremont.
- p. [16] - ACTEURS DU BALLET - LIPARUS, Roi de Liparie. : Le Sr. Geslin. - LIPARIS,
Fille de Liparus. : La Dlle. Arnoud. - ANDROCLÉE, Prince des Isles Éoliennes, Amant
de Liparis & Général des Armées de Liparus. Le Sr. Legros.
- LE GRAND PRESTRE D'ÉOLE & sa suite. : Le Sr. Larrivée. - FLORE & sa suite.
: La Dlle. Larrivée - UN GUERRIER. - TROUPE DE GUERRIERS. - CHOEUR DE VENTS. - CHOEUR
DE PEUPLES.
ACTEURS DANSANS. - LE RETOUR DU PRINTEMPS. - GUERRIERS. - Le Sr. Vestris. - Les Srs.
Lelievre, Rogier, Trupti, Cezeron, - Dossion, Grenier.
PEUPLES. - Le Sr. Leger : La Dlle. Grandi. - Les Srs. Rivier, Dubois, Giguet. - Les
Dlles. Dumirey, Rey, Clairval.
ZÉPHIR. - La Dlle. Leclerc.
L'AMOUR. - La Dlle. Odinot.
SUITE DE FLORE. - La D.lle Geslin. - Les Dlles. Pagès, Basse, Saint-Martin, Villette.
- p. [17]-35 : LE TRIOMPHE DE FLORE,/ BALLET.
Argument :
Mercure de France, décembre 1765, p. 186 :
« EXTRAIT du Poème du TRIOMPHE DE FLORE, Opéra-ballet, par les mêmes Auteurs en paroles
& en musique, & représenté à la suite d'EGLÉ.
Personnages : Acteurs
LIPARUS, Roi de Liparie, : le sieur GÉLIN - LIPARIS, fille de Liparus, : la D.lle
ARNOULD - ANDOCLÈE, Prince des Isles - Eoliennes, amant de Liparis, & Général
- Des Armées de Liparus, : le sieur LE GROS - LE GRAND PRÊTRE D'EOLE, : le sieur LARRIVÉE
- FLORE, : la D.lle LARRIVÉE - UN GUERRIER, : le sieur LARRIVÉE - choeur DE VENTS
- choeur DE PEUPLES.
La Scène est au bord de la mer, à la vue du palais de Liparus, qui est dans l'éloignement.
Le fond du théâtre représente une mer glacée, sur laquelle sont des vaisseaux qui
semblent fixés par les glaçons. Les voiles seules paraissent agitées par les vents.
Sur le bord de la mer est un temple consacré à Eole, aux pieds d'une montagne, d'où
sortent des volcans. Le reste est une campagne aride, des arbres couverts de neige,
de glaçons, & à moitié rompus ; tout annonce un hiver affreux.
L'Opéra commence par un choeur de vents, qu'Eole a déchaînés pour exercer sa vengeance
contre le Roi de Liparie, & voici ce qui cause sa fureur contre ce Monarque. -
Le fils d'Eole a demandé en mariage la fille de Liparus. Cette Princesse lui a refusé
son coeur et sa main ; elle aime Androclée ; & cette préférence irrite tellement
le Dieu des vents, qu'il porte la désolation dans les états de Liparus. Les vents
impétueux déracinent les arbres, agitent les voiles des vaisseaux, redoublent les
flammes du volcan, & les portent sur le temple qui est réduit en cendres dans
un instant. Il n'en reste que l'autel. Le palais de Liparus est détruit. - Ce Prince
infortuné veut se sacrifier pour son peuple : la Princesse sa fille, qui se regarde
comme l'unique cause de tous les malheurs, veut l'accompagner dans les combats ; mais
Androclée demande qu'on lui confie le soin de la vengeance. Liparus lui répond :
Allez, que rien ne vous arrête ; - Vous aurez mes sujets, & ma fille à venger
; - Suivi de mes guerriers dissipez la tempête : - C'est regner avec moi que de les
protéger.
Tandis qu'Androclée se dispose à combattre, Liparus offre à Eole un sacrifice, &
consulte le Grand Prêtre. Androclée dit à la Princesse,
En combattant pour vous, je puis être invincible - Si vous approuvez mes feux ; -
Et le guerrier trouvera tout possible - Pour vous prouver qu'il meritoit vos v'ux.
- L'Amour armé par la vengeance, - Sur sa victoire encor souvent répand des pleurs
; - L'Amour conduit par l'espérance, - En triomphant du rival qui l'offense, - Se
livre sans regret à toutes ses douceurs.
Androclée obtient de la Princesse l'aveu de son amour. Il exprime ainsi sa reconnaissance.
L'Amour assure ma victoire, - Ainsi que Mars, il enflamme mon coeur. - Ah ! qu'il
est doux de lui devoir sa gloire, - Quand près de ce qu'on aime, il fait notre - Bonheur.
Il part, & Liparis fait des v'ux pour l'heureux succès de ses armes ; elle dit,
en s'adressant à l'Amour dans un monologue :
Pour triompher de moi, tu lui prêtas tes charmes, - Tu lui dois ton secours. - Des
nos fiers ennemis fais triompher ses armes ; - La gloire des Héros embellit les amours.
Le temps du sacrifice arrive ; le Roi & le Grand Prêtre adressent au Ciel leurs
prières. - L'oracle se fait entendre en ces mots :
Peuples, la fin de vos malheurs - Est accordée aux dons de Flore ; - Quand du sein
des frimats vous les verrez éclore, - L'abondance & la paix vous rendront leurs
- Douceurs.
Le Roi & la Princesse, consolés par cet oracle, élèvent leurs voix vers la Déesse,
qui doit terminer les malheurs qu'ils déplorent ; ils invoquent son secours. Dans
l'instant, les vaisseaux qui depuis l'ouverture avaient paru immobiles, s'ébranlent
; on entend les glaçons se briser, les flots s'élèvent, le tonnerre gronde, on voit
des nuages, à travers lesquels on aperçoit quelque rayon du soleil. Les peuples, à
l'imitation du Roi & de la Princesse, en témoignent leur joie par des vives acclamations.
Les nuages remontent lentement, & laissent voir dans l'éloignement le soleil le
plus pur qui sort de la mer. Elle est couverte de vaisseaux qui apportent des richesses.
A la place du temple d'Eole, dont le seul autel a résisté à la fureur du feu &
des vents, parait le temple de Flore, d'où la Déesse sort avec sa suite, en répandant
des fleurs. A la place du volcan, on voit une campagne où les fleurs & la verdure
annoncent le printemps. Au moment où Flore félicite Liparus & sa fille du bien
qu'elle leur procure, on entend un bruit de guerre qui annonce l'arrivée & le
triomphe d'Androclée & de ses guerriers.
ANDROCLÉE - Seigneur, la liberté sur les mers est rendue ; - De nos fiers ennemis
l'audace est confondue, - Leur sang rougit ces bords épouvantés ; - Dans la nuit éternelle
ils sont précipités, - Et la tranquillité partout est rétablie
Le Roi & la Princesse applaudissent au succès du vainqueur qui dit à Liparis,
La gloire eût craint de priver ma valeur, - D'un laurier dont l'Amour embellisoit
les - charmes.
LIPARIS - Il m'a couté de bien vives allarmes ; - Il en est plus cher à mon coeur.
On rend grâce à la Déesse Flore, qui elle'même couronne la flamme des deux Amants
; & le Roi charmé de cette heureuse union, dit :
L'Amant aimé quitte tout pour sa gloire ; - Il s'élance au bruit des tambours - Sur
les ailes de la victoire ; - Il revient sur celles des Amours.
Ici se prépare une fête que l'Amour & Zéphir viennent embellir par leur présence
; ils apprennent aux peuples que c'est à leur amour pour leur Roi qu'ils doivent la
fin de leurs malheurs. Les peuples, la Princesse, Androclée, les guerriers, &
Flore qui s'y joint, en témoignent leur joie, par un choeur qui termine l'ouvrage,
& dont il est facile de faire une juste & heureuse application.
Que l'Ennemi redoute sa puissance : - Adorons sa clémence, - Nous jouissons de ses
bienfaits. - Que dans la guerre - Il soit le vainqueur de la terre ; - Qu'il vive,
qu'il triomphe & qu'il règne à - Jamais. »
Commentaires contemporains :
JOURNAL/ DES SPECTACLES,/ REPRÉSENTÉS/ DEVANT LEUR MAJESTÉS,/ Sur les
Théâtres de Versailles et de Fontainebleau,/ pendant l'année 1765./
TOME PREMIER. - Paris, P.-R.-C. Ballard, 1766 - F-Po/ C 2769
- p. 15 : 'Le Mardi 29 [octobre], les Comédiens François représenterent
pour la premiere fois Églé, Comédie en un Acte en Vers, précédée
d'un Prologue, avec des Intermèdes de Chants et de Danses ; qui fut suivie du
Triomphe de Flore, Opéra-Ballet en un Acte : les Paroles du Prologue de la Comédie
et de l'Opéra-Ballet sont de M. de Vallier ; et la musique, de M. Dauvergne.'