Note sur le texte :
Ce psaume correspond au psaume 087 selon la numérotation de la vulgate.
D'Aubigné étend à tout le psaume le contexte de deuil qui s'explicite
dans la dernière strophe.
Petites oeuvres meslées, 1630 - Ed. moderne par H. Weber dans les Oeuvres d'Agrippa
d'Aubigné. Paris: Gallimard, 1969, p.361-2 et 1184-6. - Ce texte comporte des
variantes par rapport à la version de Le Jeune : «Sauveur Eternel, nuict
et jour devant toi» - La version de Du Caurroy présente encore d'autres
variantes : «Dieu benin j'espans jour et nuit devant toi».
Commentaires contemporains :
Dans sa lettre à M. Certon (cf éd. Weber p. 858), d'Aubigné raconte
: - «[...] Le landemain estant à un Presche, où l'on avoit chanté
le Pseaume 88, il m'arriva de mettre le premier couplet en Saphiques, et quelques
remontrances que je fisse à moy mesme pour me rendre attentif à choses meilleures,
je ne peu estre maistre sur moy que je n'avanceasse cette besougne autant qu'on pouvoit
sans escrire. Je commençay par : - Dieu benin j'espars nuict et jour devant toi,
etc. - Comme vous le pouvez voir à la fin du Traitté des doulces afflictions
à Madame, ou dans les vers mesurez de Claudin, et mesmes en ceux de du Corroy
[...]»
Dans ce Traitté de 1601, d'Aubigné donne encore ce poème, en laissant
entendre que Le Jeune en a envoyé la musique à Catherine de Bourbon, soeur
d'Henri IV, qui subit des pressions depuis la conversion de son frère : - «Ayant
sçeu que Cl. le Jeune a envoyé a vostre Altesse, cinq Cantiques en vers
mesurez, qu'il a pensé dignes de son excellente musique : J'ai creu que la paraphrase
de Pseaume octante et huict, aura esté la mieux venue pource qu'elle exprime
une tristesse violante, telle que je la sens, en gemissant depuis sept ans ma moitié
perdue. J'envoye a vostre Altesse cette piece au net, repurgee des fautes qui se sont
trouvees en la copie. Madame j'ay fait preuve que les consolations, sont lors mieux
venues quand elles sortent de la bouche des affligez.»
Dans l'avertissement précédant ses Petites oeuvres meslées de 1630,
d'Aubigné raconte encore : - «[...]ils [Odet de La Noue et Nicolas Rapin]
dirent que ces difficultés [celles des rigoureux vers mesurés] ne seroyent
proposees ni goustees que par ceux qui ne les pouvoyent vaincre, et qui pour en estre
incapables, les rejettent. Certes ce deffi esmeut un peu ma bile, et m'envoya de cholere
m'essayer premierement sur le Pseaume 88, et puis sur le troisiéme, tels que
vous les verrez en ce recueil [...]»
Selon d'Aubigné (suite de l'avertissement), c'est en dirigeant la version de
Le Jeune que Du Caurroy est convaincu de l'efficacité de ces vers, et qu'il compose
ensuite sa propre version, «par emulation».