Source A :
[sans titre] - dans - SECOND LIVRE/ DES MESLANGES/ DE CL. LE IEVNE - Paris, Ballard,
1612 - S, C, T, B : f. 37v-38v - 5 : f. 21v-22 - F-Psg/ Vm 75 Rés
Cote source :
F-Psg/ Vm 75 Rés
Type de source :
originale
Description de la source :
SEUL - Comment pensés vous que je vive - Eloigné de vostre beauté ? - Tout ainsi qu'une
ame captive - Au gouffre d'une obscurité, - Qui n'atend tremblant à toute heure, -
Que le point qu'il faut qu'elle meure. - A 2. - Ie ne voy par tout que des ombres,
- Ie trouve mesme noirs les cieux: - Les jours luisans sont des nuits sombres, - Les
nuits des enfers à mes yeux: - Les enfers mesme si funebres - Sont beaux au pris de
mes tenebres. - A 3. - Ce monde plein d'inquietudes - Qui flotte tout autour de moy,
- Ne sont rien que des solitudes, - Toutes pleines de mon émoy : - Mais vuides de
la douce vie - Que cette absence m'a ravie. - A 4. - Ie fonds comme fondroit la cire
- Aupres d'un brasier enflammé, - Et plus de vous je me retire - Et plus je me sens
allumé, - Mais ce feu tant plus il s'augmente - Helas! tant plus il me tourmente.
- A 5. - Ie meurs il est certain ma belle, - Et ce peu d'ame que je tiens, - Ce n'est
que cette humeur fidelle - En laquelle je m'entretiens, - Le reste d'elle qui s'envolle
- Ne m'a laissé que la parole. - SEUL. - La parole helas! pour me plaindre - Que mes
maux sont bien commencés, - Mais que je dois encore craindre - Qu'ils ne soyent pas
si tost passés, - Et que mes tristes destinées - N'ont point leurs bornes terminées.
- A 2. - Helas! que cette heure incertaine - A pour moy de malheurs certains, - Et
que ma belle si lointaine, - M'en garde les secours lointains : - Peut on jamais penser
ne dire - Pareil martire à mon martire. - A 3. - Ainsi mon ame repoussée - Du paisible
abry de son port, - Sera desormais balancée - Dans les tempestes de la mort : - Mais
sa nef sera la constance, - Et son estoille l'esperance. - A 4. - Durant les coups
de ma fortune - La voix de mes gemissemens, - A vos aureilles importune - Y prendra
ses soulagemens, - Et jusques à ce que je vienne - Pour le moins qu'il vous en souvienne.
- A 5. - Lors me rendant en mile sortes - Tant de plaisirs que j'ay perdus, - Tant
& tant d'esperances mortes - Tant de biens en vain attendus, - Trempés au miel
de la presence - Les amertumes de l'absence.