Source A :
Pse. 60. Du huictiesme Mode. A 5. - dans - Claude Le Jeune - Dodécacorde - La
Rochelle, Hierosme Haultin, 1598, p. - D : p. 53-59 - HC : p. 59-64 - T : p. 54-60
- BC : p. 53-58 - 5 : p. 52-58 - 6 : p. 34-35 - F-Pn/ Rés 2687
Autres sources :
F-Pn/Res Vmd 98 (1): annotations manuscrites («3») dans la6° section
(f° 29v)
Type de source :
originale
Description de la source :
O Dieu qui nous a deboutez - Qui nous a de toi escartez, - Jadis contre nous irrité,
- Tourne toi de nostre costé : - Tu as nostre pays secoux, - Et cassé à force de coups
: - Guari sa playe qui le presse, - Car tu vois comment il s'abbaisse.
Ton peupl' as traité rudement, - Et d'un vin d'estourdissement - Tu l'as repeu &
abreuvé : - Mais depuis tu as eslevé, - L'enseigne de tes serviteurs, - Qui te reverent
en leurs coeurs, - Afin que haut on la desploye, - Et que ta verité se voye.
Or donc a fin que tes amis - Eschappent à leurs ennemis, - Sauve nous par ton bras
puissant, - Et respon à moi languissant. - Mais quoi ? Dieu m'a desja ouï, - Et de
son sainct lieu resjouï, - Sichem sera mon heritage, - Le val de Succoth mon partage.
De Galaad la region, - Sera de ma possession, - Et de Manassé tout le bien - Sans
nulle doute sera mien. - Ephraim peuple grand & fort - Sera de mon chef le support
: - Juda du regne l'asseurance - Pour en establir l'ordonnance.
Les Moabites au surplus, - Je ne veux estimer non plus - En depit de leurs mauvaistiez,
- Qu'un vaisseau pour laver mes pieds. - Contr' Edon peuple glorieux, - Je jette mes
souliers vieux - Sus, Palestins faites moi feste - De ma victoire qui s'appreste.
Mais par qui serai-je en seurté - Conduit en la forte cité ? - Qui est-ce qui me conduira
- En Edom, & m'i guidera ? - Ne sera-ce pas toi ô Dieu! - Qui nous chassois de
lieu en lieu, - Et n'accompagnois nos armees - De tes faveurs accoustumees ?
Donne-nous ton secours d'en haut - Contre celui qui nous assaut : - Car qui n'a que
les terriens - Pour sa sauvegarde, n'a riens. - Dieu nous rendra preux & vaillans
- En contre tous nos assaillans, - Renversant par sa vertu grande, - De nos haineux
toute la bande.
Les différentes sections deviennent dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard
:
O Dieu qui nous avés bien dit - Malheur à celuy là qui rit, - Ayant au milieu de son
coeur - Le sujét d'amere douleur, - Le peché qui aura son tour, - Et qui luy fera
quelque jour - Verser de ses yeux deux fontaines - Sans trouver remede a ses peines.
Tiendrois tu pour homme prudent - Cil qui en danger evident, - Au milieu de ses ennemis
- Se riroit ainsi qu'entr' amis. - De mesme ne tiens pas celuy - Pour sage qui chassant
l'ennuy - De son coeur y plante la joye, - Et vit en l'infernale voye.
On lit d'un tel qui est au port - Arrivé de la triste mort, - Voguant à plaisir dans
la nef - Du ris, à son trop grand mes-chef : - Mais on ne lit point que dans l'eau
- Des larmes voire un seul vaisseau - Se soit perdu, ny que ravie - Jamais par les
pleurs soit la vie.
De tous les maux qui de nos jours - Traversent le paisible cours, - Et nous ravissent
le meilleur - De tout nostre bien & bonheur : - C'est que privés de sentiments,
- Nous ne sentons point les tourments, - Et lors que le plus mal nous presse - Nous
sommes remplis d'allegresse.
Le sage a bien dit qu'il vaut mieux - Aller ou la bonde des yeux - Se lasche, &
ou l'on fait couler, - Voire jusqu'à terre rouler - Deux ruisseaux de larmes &
pleurs, - Qu'en un banquét ou n'y les fleurs, - Ny les plaisirs, ny les risées - Soyent
des invités desirées.
Mais qu'est-ce que tu peux avoir - Qui te puisse à rire esmouvoir ? - Peut estre les
biens, les honneurs, - Et les plaisirs fols et trompeurs : - Mais helas! pense au
repentir - Qu'à la fin ils font ressentir, - Et que ce ne sont que fumées - Aussi
tost des vents emportées.
Du ventre tu sors en pleurant, - Les pleurs te suivent en mourant - Entre deux un
grand attirail - De peine & de fascheux travail. - Si tu goustes un peu de bien,
- Il est si court que ce n'est rien, - Et peux tu en un tel malayse - Folastrer &
rire à ton ayse ?
Comparaison sources : Paroles changées dans une des 2 réeditions de 1618 chez Ballard