Source A :
Pse. 51. Du sixiesme Mode. A 5. - dans - Claude Le Jeune - Dodécacorde - La Rochelle,
Hierosme Haultin, 1598, p. - D : p. 43-48 - HC : p. 46-54 - T : p. 41-49 - BC : p.
39-48 - 5 : p. 39-47 - 6 : p. 26-31 - F-Pn/ Rés 2687
Type de source :
originale
Description de la source :
Misericord' au povre vicieux, - Dieu Tou puissant selon ta grand' clemence : - Use
à ce coup de ta bonté immense - Pour effacer mon fait pernicieux : - Lave moi, Sir',
et relave bien fort - De ma commis' iniquité mauvaise, - Et du peché qui m'a rendu
si ord, - Me nettoyer d'eau de grace te plaise.
Car de regret mon coeur vit en esmoi, - Cognoissant, las! ma grand' faute present'
: - Et qui pis est, mon peché se present' - Incessament noir & laid devant moi.
- En ta presenc' à toi seul j'ai forfait, - Si qu'en donnant arrest pour me desfaire,
- Jugé sera avoir justement fait, - Et vaincra ceux qui diront du contraire.
Helas, je sai, et si l'ai tousjours seu, - Qu'iniquité print avec moi naissance :
- J'ai d'autre part certaine cognoissance, - Qu'avec peché ma mere ma conceu. - Je
sai aussi que tu aimes de fait - Vray' equité dedans la conscience, - Ce que n'ai
eu, moi à qui tu as fait - Voir les secrets de ta grande sapience.
D'hysope donc par toi purgé serai, - Lors me verrai plus nette que chose nulle : -
Tu laveras ma trop noire macule - Lors en blancheur la neige passerai. - Tu me feras
joy' & liess' ouïr, - Me revelant ma grace interine; - Lors sentirai croistre
& se resjouir - Mes os, ma force & vertu declinee.
Tu as eu l'oeil assez sur mes forfaits, - Destourne d'eux ta courroucee face : - Et
te suppli' non seulement efface - Ce mien peché, mais tous ceux que j'ai fais. - O
createur te plais' en moi creer - Un coeur tout pur, une vie nouvelle : - Et pour
encore te pouvoir aggreer, - Le vrai esprit dedans moi renouvelle.
De ton regard je ne soy' reculé, - Et te suppli' au lieu de me destruire, - Ton sainct
esprit de mon coeur ne retire - Quand tu l'auras en moi renouvellé. - Redonnes moi
la liesse que prit, - En ton salut mon coeur jadis infirme : - Et ne m'ostant ce libr'
& franc esprit, - En icelui pour jamais me confirme.
Lors seulement ne suyvrai tes sentiers, - Mais les ferai aux iniques apprendre : -
Si que pecheurs à toi se voudront rendre, - Et se viendront convertir volontiers.
- O Dieu! O Dieu! de ma salvation! - Delivre moi de ce mien sanglant vice : - Et lors
ma bouch' en exultation - Chantera haut ta bonté & justice.
Ha! Seigneur Dieu, ouvre mes levres donc, - Car closes sont jusquà tant que les ouvres
: - Mais moyennant qu'à les ouvrir tu oeuvres, - J'annoncerai tes loüanges a donc.
- Si tu voulois sacrifice mortel - De boucs, & boeufs, & conte tu en fisses,
- Je l'euss' offert : mais en temple n'autel, - Ne te sont point plaisans tels sacrifices.
Le sacrific' agreable & bien pris - De l'Eternel, c'est un' ame dolente, - Un
coeur froissé, un' ame penitente : - Ceux là, Seigneur, ne te sont à mespris. - Traite
Sion en ta benignité, - O Seigneur Dieu! & par tout fortifie - Jerusalem, ta tres
humble cité : - Ses murs aussi en bref temps edifie. - A donc aura des coeurs bien
disposez, - Oblations telles que tu demandes : - A donc les boeufs ainsi que tu commandes,
- Sur ton autel seront mis & posez.
Les différentes sections deviennent dans l'une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard
:
Marie atant d'un coeur plus genereux - Que ne sembloit porter le sexe & l'âge,
- Va tout d'un coup sortir hors d'esclavage, - Et de chés soy pour aller trouver mieux.
- Elle n'est pas qu'asi hors, qu'elle sent - Les dards aigus des langues venimeuses
: - Mais elle dit en soy ce n'est que vant, - Et contr'un roc des ondes venimeuses.
Comm' elle fut chés Simon le Lepreux, - Fondant en pleurs, & se jettant en terr',
- Et ne pouvant pour le mal qui la serr' - Un mot tirer de son coeur langoureux, -
Elle s'approch' ell' estraint doucement - De son Seigneur les plantes tres sacrées,
- Et de ses pleurs les baign' incessament, - Les essuiant de ses tresses dorées.
Ha! dieu quel coeur fut il de diamant - Ne s'attendrist à de si chaudes larmes, -
Ne fut percé par de si fortes armes - Ne fut brisé d'un coup si violent. - Et toutes-fois
un se trouve entre tous - Plus dur qu'aymant, & qu'une vieille roche, - Qui tout
esmeu d'un injuste courroux - Ne trouve bon que si pres elle approche.
Donc, est-ce icy disoit cét orgueilleux, - Celuy qui voit les choses cachées ? - Et
qui cognoist les années entachées - De l'ord bourbier du peché malheureux. - S'il
est ainsi ne sent-il point l'odeur - Que pousse hors cette louve impudique, - Du plus
profond de son infame coeur, - Qu'on sçait bien estre une femme publique ?
Tu pense bien que personne ne voit - Ton coeur malin ame Pharisienne : - Mais celuy
là qui le salut moyenne - De ses esleus, mieux que toi les cognoist - Il voit le coeur
de celle que tu dis - De son honneur estre trop peu soigneuse, - Changé du tout, &
qu'ainsi qu'un beau Lys - Il rend de soy une odeur precieuse.
Des aussi tost que Jesus tres-benin, - De l'hoste sien eust cognu la pensée, - Prenant
pitié de la pauvre affligée - Luy dit d'un oeil severement humain, - Dis moy pouquoy
te fait il mal de voir - En ta maison cette dolente femme, - Es-tu marry qu'elle vient
pour avoir - Tant soit peu d'eau pour esteindre la flame ?
La vois tu bien comme de ses deux yeux - Jusques ici elle fait deux fontaines, - Combien
son coeur pour preuve de ses peines - Va redoublant de soupirs angoisseux : - Ne pense
pas que le parquét du Ciel - Soit au parquét de ce monde semblable, - L'un voit le
coeur, l'autre s'arrest' à l'oeil, - Aussi l'arrest en est bien dissemblable.
Ha! si le coeur de celle que tu vois - T'estoit ouvert, & la douleur amere, -
Tu jugerois aussi tost le contraire - De ce qu'à tort en toy mesme jugeois, - Ce sont
ces pleurs, & cét amour ardent - Qui de son coeur tant de pechés efface, - Ces
saints baisers, ces soupirs, cét onguent, - D'un doux effort luy derobent ma grace.
Leve toy donc, dit-il jettant son oeil, - Porte ton heur sur la dame pleurante, -
Ta vive foy, ta charité bruslante - T'ont aujourd'hui fait bourgeoise du Ciel. - O
dieu! quel bien sentistes vous alors - En vostre coeur dittes un peu Marie ? - Peustes
vous bien empescher que dehors - Il ne sortit, & vous ostast la vie ? - Hé qui
eust peu ce dit-ell' empescher - Un tel depart en si grande liesse ? - Il eust de
moy mon ame pour hostesse, - J'eus son esprit pour un gage tres-cher.
Comparaison sources : Paroles changées dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard