Source A :
Pse. 102. Du cinquiesme Mode. A 5. - dans - Claude Le Jeune - Dodécacorde - La
Rochelle, Hierosme Haultin, 1598, p. - D : p. 29-42 - HC : p. 31-45 - T : p. 28-40
- BC : p. 25-38 - 5 : p. 27-38 - 6 : p. 14-25 - F-Pn/ Rés 2687
Autres sources :
F-Pn/Res Vmd 98 (1) : annotations manuscrites (barres et «3») dans les sections
13 et 15 (f° 20 et 21)
Type de source :
originale
Description de la source :
Seigneur enten ma requeste, - Rien n'empesche, ni n'arreste - Mon cri d'aller jusqu'à
toi - Ne te cache point de moi, - En ma douleur non pareil - Tourne vers moi ton oreille
: - Et pour m'ouir quand je crie - Avance toi je te prie.
Car ma vi' est consumee - Comme vapeur de fumee, - Mes os sont secs tout ainsi - Qu'un
tison, mon coeur transi - Ainsi qu'une herb' fauchee - Perd sa vigueur retranchee
: - Si que je n'ai soin ni cure - De prendre ma nourriture.
Mes os & ma peau se tiennent - Pour les ennuis qu'ils soustiennent : - Dont helas
ma triste voix - Pleur' & gemit tant de fois. - Je suis au butor semblable - Du
desert inhabitable : - Je suis comme la chouëtte, - Qui fait au bois sa retraite.
Comme durant son vevage - Le passereau sous l'ombrage - D'un tect couve ses ennuis,
- Ainsi je passe les nuits. - Mes haineux m'ont dit outrages, - Et de furieux courages
- Font de moi un formulaire - De maudisson ordinaire.
Au lieu de pain la poussiere - Est ma vie coustumiere : - Mon breuvag' en mes douleurs
- Je mesl' avecques mes pleurs, - Pour la fureur de ton ire : - Car m'ayant eslevé
Sire, - Tu m'as fait si dure guerre : - Que j'en suis allé par terre.
Mes jours passent comm' un' ombre - Qui s'en va obscur' & sombre, - Je suis fené
& seché - Comme foin qu'on a fauché : - Mais, ô Seigneur, ta demeure - Eternellement
demeure, - Et de ton nom venerable, - La memoir' est perdurable.
Tu te releveras donques, - Et auras si tu l'eus oncques - Pitié & compassion -
De ta cité de Sion : - Car il est temps que tu ayes - Compassion de ses playes : -
Puis que voyons terminee - La saison qu'as assignee.
Car jusqu'aux pierres d'icelles - S'etend de tes serfs le zele - Ayans pitié de la
voir - Tout' en poudre se dechoir. - Peuples trembleront en crainte, - Devant ta Majesté
saincte - Et de tout Roi l'excellence - Craindra ta magnificence.
Car Sion toute defaite - S'en va du Seigneur refaite : - Lui qui nous a recouru -
En sa gloir' est apparu : - De ses povres solitaires - Les complaintes ordinaires
- N'a point mises en arriere, - Ni mesprisé leur priere.
En registre sera mise - Une si grand' entreprise, - Pour en faire souvenir - A ceux
qui sont à venir : - Et la gent à Dieu sacree, - Comme de nouveau creée, - Lui chantera
la loüange, - De ce bien fait tant estrange.
Car le Seigneur debonnaire - Du haut de son sanctuaire, - Voire du plus haut des cieux
- Vers terr' a baissé les yeux - Pour ouïr la voix plaintive - De sa povre gens captive
- Et la tirer de la peine - De mort qui lui est prochaine.
Afin que de Dieu la gloire, - Dedans Sion soit notoire, - Et le los de sa bonté -
En Jerusalem chanté, - Quand des gens les assemblees - Seront toutes assemblees, -
Et les Rois de leur puissance - Lui rendront obeissance.
Voyant ma forc' amorti' - En chemin & de ma vie - Par luy raccourci le cours,
- J'ai dit, ô Dieu, mon secours - Ne m'aba point sans ressourc' - Au beau milieu de
ma course - Car tes ans qui point ne müent, - D'aag' en aage continüent.
La terr' as fait' et assise, - C'est toi qui la main as mis' - Aux cieux pour les
compasser ; - Et tout cela doit passer : - Mais quand à toi tu demeures - Pendant
qu'arrivent les heures - Qu'ils vieilliront ainsi comme - Les habillements d'un homme.
Comm' une robe qu'on porte - Tu les changeras de sorte, - Qu'eux & le lustre qu'ils
ont - Pour certain se changeront : - Mais, quand à toi, Dieu supresme - Tu te tiens
tousjours de mesme, - Et ta constante duree - Est pour jamais asseuree.
Et pourtant selon ta grace, - De tes serviteurs la race - Aura logis arresté, - Voire
à perpetuité. - Et de tes saincts la semence - Sera devant ta presence - En asseuranc'
etablie, - Sans jamais estre affoiblie.
Les différentes sections deviennent dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard
:
Si tost que la Penitente - En dueil & pleurs languissante - Pour avoir passé ses
jours - En jeux & folles amours - Sçeut en quelle compagnie - Le medecin de sa
vie - Estoit, entre espoir & crainte - Elle luy fit sa complainte.
C'est ô Sauveur de mon ame, - Ores qu'il faut que ta flame - Brusle mon coeur tout
ainsi - Que l'amour l'avoit saisi, - Et bruslé comme en la prée - Le Soleil l'herbe
fauchée, - Quand tout a plomb il regarde - La terre & ses rays luy darde.
Mon bien, ma seule esperance, - Tirés hors de la puissance - De Satan, ce triste coeur
- Qui soupire de douleur, - Tirés le, vostre main forte - Le peut affranchir en sorte
- Qu'il ne sente plus les peines - De tant de fers & de chaines.
Chaines qui des mon jeune âge - Me tiennent en esclavage, - Chaînes dont tous les
anneaux - Sont faits de plaisirs nouveaux, - Tirés plus ardents que braise - De l'infernale
fournaise, - Et puis forgés sur l'enclume - D'une mauvaise coustume.
Ainsi disoit toute pleine - De larmes la Madelene : - Puis elle adjoustoit, helas
- Pauvrette addresse tes pas - Vers celuy qui ne rejette - Quiconque à ses pieds se
jette - Et qui d'une ame dévote - Pardon demande à sa faute.
Mais tout aussi tost changée, - Et de vergongne arrestée - Muette elle devenoit, -
Puis elle se reprenoit, - Et disoit ainsi seulette - Hé ! que fera tu pauvrette, -
Seras-tu bien si hardie - D'aller en sa compagnie ?
Tu ne seras en la rüe - Que tu ne sois recognüe - De tous & montrée au doit, -
Il me semble qu'on te voit, - Et que l'on dit à voix basse - Voyés vous celle qui
passe, - C'est la plus infame fille - Qui soit en toute la ville.
C'est l'egoust, c'est la sentine - Des ordures de Cyprine, - C'est le flambeau que
de jour, - Et de nuit le fol Amour - Porte en sa main trop habile - Pour mettre es
coin de la ville - Son feu qui brusle sans cesse - Les coeurs de nostre jeunesse.
Comment pourront tes oreilles - Oüir injures pareilles, - Pense tu bien que ton coeur
- Puisse un si grand deshonneur - Endurer, sans que sur l'heure - Blessé à mort il
ne meure ? - Auras tu bien le courage - De supporter tel outrage ?
Et quand bien parmi la rüe - Tu ne serois recognuë - De personne que ce soit, - Et
qu'on ne te montr'au doit - Quand tu seras arrivée - En la maison désirée, - Que pense
tu qu'on te die - En si belle compagnie ?
Contre tes moeurs et ta vie, - S'esleveront à l'envie, - Comme en un fascheux parquét,
- Ceux qui seront au banquét - Faisans contre toy leur plaintes, - Te donnans telles
atteintes - Que tu voudras que la terre - Cent pieds s'entr'ouvr' & t'enserre.
Alors cil en qui tu pense - Devoir estre ta fiance, - Sera le premier de tous - Qui
d'un trop juste courroux, - Et d'une voix effroyable, - D'un regard espouventable
- Te dira va malheureuse - En la flame Stygieuse.
Va loing de moy, va meschante, - O femme trop impudente, - Oses-tu bien t'approcher
- De moy, qui n'ay rien plus cher - Que le beau Lys sans ordure - En une ame nette
& pure ? - Tu te trompes si tu pense - Mettr' en moy ton asseurance.
Las! & que dis-tu, Marie? - (Disoit elle apres marrie) - Il est seul reconfort
- De ceux qui ont leur support - En la bonté nompareille : - C'est luy qui preste
l'oreille - A leur clameur, & leur plainte, - Sortant d'une ame non feinte.
Ce n'est pas lui qui rejette - Cil qui dans ses bras se jette, - Ce n'est que toute
douceur, - Il semond tout grand pecheur - Quelle que soit son offence - A douleur
& penitence, - En le reçevant en grace, - Tous ses pechés il efface.
Et partant, ô Madelene, - Ne crains ny honte ny peine, - Prens cette boëtte d'onguent,
- Va plus viste que le vent - Vers le sauveur de ce monde ; - Et puis lasche moy la
bonde - A tes larmes qui tesmoignent - Combien tes pechés te poignent.
Comparaison sources : Paroles changées dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard