Source A :
Pse. 45. Du troisiesme Mode. A 5. - dans - Claude Le Jeune - Dodécacorde - La
Rochelle, Hierosme Haultin, 1598, p. - D : p. 16-25 - HC : p. 18-27 - T : p. 17-24
- BC : p. 15-21 - 5 : p. 17-24 - 6 : p. 6-11 - F-Pn/ Rés 2687
Autres sources :
F-Pn/Res Vmd 98 (1) : annotations manuscrites (barres et «3») dans la 6°
section (f° 11v)
Type de source :
originale
Description de la source :
Propos exquis faut que de mon coeur sorte, - Car du Roi veux dire chanson, de sorte
- Qu'à ceste fois ma langue mieux dira - Qu'un scribe prompt de plume n'escrira. -
Le mieux formé tu es d'humaine race, - Et ton parler gist merveilleuse grace : - Par
quoy Dieu fait que toute nation - Sans fin te loü' en benediction.
O le plus fort que rencontrer on puisse, - Accoustr' & cein sur ta robuste cuisse
- Ton glaive aigu qui est la resplendeur, - Et l'ornement de royale grandeur. - Entr'en
ton char, triomph'à la bonn'heure, - En tout honneur, puisqu'avec toi demeure - Verité,
foi, justic' & coeur humain : - Voire te fera de grand's choses ta main.
Tes dards luisans et tes sagettes belles, (1 str. 1/2) - Poignante sont, les coeurs
à toi rebelles - Seront au vif d'icelles transpercez, - Et dessous toi les peuples
renversez. - O Dieu & Roi! ton throne venerable - Est un haut thron' à jamais
perdurable : - Le sceptr' aussi de ton regne puissant - Est d'equité le sceptre florissant.
- Iniquité tu hais aimant justice : - Pour ces raisons Dieu ton Seigneur propice -
Sur tes conforts t'ayant le plus à gré, - D'huile de joye odorant t'a sacré.
De tes habits les plis ne sentent qu'ambre, (2 1/2 str.) - Et muse & mirh' en
allant de ta chambre - Hors ton palais d'ivoir haut & fier - Là où chacun te viens
gratifier. - Avec toi sont filles de rois bien nees - De tes presents tres precieux
ornees, - Et la nouvell' espouse à ton costé, - Qui d'or d'Ophir couronne ta beauté.
Escoute fill'en beauté nompareille, (2 1/2 str.) - Entens à moi & me preste l'oreille,
- Il te convient ton peuple familier, - Et la maison de ton per' oublier. - Car nostre
Roi, nostre souverain Sire - Mout ardamment ta grand' beauté desire : - D'oresnavant
ton Seigneur il sera, - Et de toi humble obeissanc' aura.
Peuples de Tyr, peuples pleins de richesses, (1 str.1/2) - D'honneurs & dons te
feront grand's largesses : - Ce ne sera de la fille du Roi, - Sous manteau d'or, sinon
tout nobl' aroi. - D'habits brodez richement attournee - Elle sera devers le Roi menee,
- Avec le train des vierges la suivans, - Et de ses plus prochaines la servans. -
Pleines de joy' & d'ennui exemptees - Au Roi seront ensemble presentees : - Elles
& toi en triomph' & bonheur - L'irez trouver en son palais d'honneur.
Ne plain donc point de laisser mer' & pere : - Car en lieu d'eux mariage prospere
- Te produira beaux & nobles enfans, - Que tu feras partout Rois triomphants.
- Quant est de moi, à ton nom & ta gloire - Ferai escrits d'eternelle memoire,
- Et par lesquels les gens à l'advenir, - Sans fin voudront te chanter & benir.
Ces paroles deviennent dans une des 2 éditions de 1618 chez Ballard:
Parler beaucoup n'est gueres sans offense, - Un petit mot ainsi qu'un coup de lance
- Perce souvent non l'harnois ou le coeur : - Mais ce qui est beaucoup plus cher l'honneur
- Un petit mot souvent un feu d'envie - Allum' es coeur de ceux qui de leur vie -
Eussent devant fait un rempart tres fort - Pour se defendre à l'ennui de la mort.
O! qu'a bien dit cette claire trompette - Du Tout-puissant, que comm' une bluette
- De feu pourroit reduire un bois en feu, - Et le tapir en cendre peu à peu. - Ainsi
peut bien la langue mal domptée - Estre souvent cause qu'un contrée - Se perd' au
feu d'un immortel discord, - Bruslant le noeud de son premier accord.
Tant de Cités seroyent encore belles, - Et n'auroyent pas senty les mains cruelles
- Des ennemis qui les ont fait passer - Sous le tranchant du glaive & terrasser,
- Si ce brandon, cette langue affetée - Eust esté lors au palais attachée - De celuy
là quand d'un mot seulement - De son païs fit un embrasement. - Tant de grands Roys,
de Ducs, & de grands Princes, - Eussent longtemps gouverné leurs Provinces - Si
un rapport ne les eut animés, - Et pour se battre à toute outrance armés.
Dis moy, pourquoy n'as tu plus d'une bouche - Qui tient encor cette langue farouche
- Comm' en prison serrée entre les dents, - Et que tu as les autres sentiments - Logés
en deux belles maisons pareilles, - Deux mains, deux yeux, deux n'aseaux, deux oreilles,
- C'est pour t'apprendr' & montrer que tu dois - Pour dire un mot en oüir deux
ou trois.
Escoute moy mon fils, ce dit le Sage, - Et en ceci fait ton apprentissage, - Si tu
pretends estre un jour revestu - Tout a l'entour du manteau de vertu, - Garde ta bouch'
en toute diligence, - Et tu n'auras plus fait que tu ne pense, - Mets y plustot un
huis puissant & fort : - Car d'elle part & la vie & la mort.
Plustot un dard jetté de grand puissance - Retournera vers celuy qui le lance, - Plustot
leurs cours les fleuves laisseront, - Et vers leur chef en haut remonteront. - Su'un
mot lasché d'une bouche imprudente - Retourne avant que sa pointe on ne sente - Avant
qu'il ayt passé jusques au coeur - De cil auquel on veut ravir l'honneur. - Tu peux
encore ayant la main haussée - Tenir en l'air & la main & l'epée : - Mais
non le mot qui est desja par l'air, - Il faut qu'il passe & la terr' & la
mer.
Ne pense pas que celuy soit plus sage - Qui n'a sinon que babil & langage : -
Mais bien celuy qui ne parle beaucoup, - Et qui ne dit rien qui ne porte coup. - Tant
plus un muy est vuid' & tant plus sonne - Quand d'un seul doit tant soit peu on
l'estonne, - Frappe le fort quand tout plein il sera, - Et point du tout ou bien peu
sonnera.
Comparaison sources : Paroles changées dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard