Source A :
Pse.35. Du second Mode Plagal. A 5. - dans - Claude Le Jeune - Dodécacorde -
La Rochelle, Hierosme Haultin, 1598, p. - D : p. 5-15 - HC : p. 5-17 - T : p. 5-16
- BC : p. 5-14 - 5 : p. 5-16 - 6 : p. 1-5 - F-Pn/ Rés 2687
Autres sources :
F-Pn/ Rés Vmd 98 (1) : annotations manuscrites (barres et «3») dans
la 12° section (f° 7v)
Type de source :
originale
Description de la source :
Deba contre mes debateurs - Comba, Seigneur, mes combateurs, - Empoigne moy bouclier
& lance, - Et pour me secourire t'avance, - Charge les & marche au devant,
- Garde les d'aller plus avant. - Di à mon ame, Ame, Je suis - Celuy qui garentir
te puis
De honte soyent tous esperdus - Soyent renversez & confondus - Tous ceux qui pourchassent
ma vie, - Et de m'outrager ont envie. - Soyent comme la poudre qui est - Du vent jettée
ou il luy plaist : - L'Ange du Seigneur tout-puissant, - Par tout les aille pourchassant.
Tous chemins soyent glissans pour eux : - Par chemins noirs & tenebreux - L'Ange
de Dieu de place en place - Tousjours les poursuive & les chasse. - D'autant qu'à
tord ils m'ont dressé - Leur engin dedans un fossé : - Leur engin, di-je, ils ont
à tord - Appresté pour me mettre à mort.
Soit le meschant a depourveu - Surprins du mal qu'il n'ait preveu : - Au filé qu'il
m'a voulu tendre; - Tombe luy-mesme & soit froissé - Au plus profond de son fossé;
- Mon ame lors s'esjouira - En Dieu qui gardee l'aura.
Lors diront tous les os de moi, - Seigneur qui est pareil à toi ? - Gardant du foible
l'impuissance - Contre le fort & ma puissance : - Gardant que le povre affligé
- Des meschants ne soit outragé ? - Faux tesmoins ont sur moy failli, - De faux propos
m'ont affailli.
Le mal pour le bien m'ont rendu : - D'avoir ma vie ont prétendu : - Toutesfois en
leur temps contraire, - J'ay jeusné, j'ay porté la haire. - Pour eux en mon sein j'ay
versé - Mainte priere à chef baissé : - Bref, en tel poinct je me suis mis, - Que
pour mes freres & amis.
J'alloi courbé, comme feroit - Un qui sa mere pleureroit : - Mais eux cognoissant
mon martyre, - Se sont assemblez pour en rire. - Les plus maraux à mon desceu - M'ont
machiné ce qu'ils ont peu : - A pleine gorge ils m'ont blasmé, - Et tant qu'ils ont
peu diffamé.
Contre moi ont grincé les dents - Un tas de flattereaux mordens, - Avec ces plaisans
venerables, - Qui vont suivant les bonnes tables. - Seigneur, que veux tu plus tarder
? - Plaise-toy mon ame garder. - Qui est seulette, és maux qu'elle a - Et des lions
delivre-la.
Sus, je te beniray mon Dieu, - De tout ce grand peuple au milieu, - Et parmi la troupe
amassee, - Sera ta grandeur annoncee. - Fay que de rire n'ait de quoy - Quiconque
à tort en veut à moy : - Et ne permets ces envieux - A tord me guigner de leurs yeux.
Car de nois' ils parlent tousjours : - Et rien ne pense tout les jours, - Qu'à decevoir
s'il est possible - Le povre affligé tout plaisir. - Pour mieux se moquer ces pervers
- Ont sur moy leurs gosiers ouverts : - Chacun d'eux a crié sur moy, - Ha ha, le meschant,
je le voy.
Seigneur tu les as veu aussi, - Ne laisse point passer ceci : - Seigneur de loin ne
m'abandonne, - Ains pour juger ma cause bonne, - Mon Dieu, mon Seigneur, leve toy
: - Mon Dieu, mon Seigneur, juge moy - Par ta juste bonté, afin - Qu'ils n'en soyent
joyeux à la fin :
Et qu'ils n'aillent disans entr'eux - Sus, sus, c'est fait, soyons joyeux, - Il est
detruict. Tels personnages, - Prenans plaisir à mes dommages, - Soyent tous confus
& diffamez : - Ceux qui sur moy sont animez, - Ayent pour tout leur parement -
Honte et vergongne seulement.
Mais tout plaisir puiss'advenir - A qui veut mon droit soustenir : - Chante tousjours
d'esjouissance - Benite soit la grand' puissance - De toy ô Seigneur Dieu qui fais
- Vivre ton serviteur en paix. - Tes bontez ma langue dira, - Et chacun jour te chantera.
Les différentes sections deviennent, dans une des 2 éditions de 1618 chez Ballard
:
De quoy me sert suivre tes pas, - Tes faux plaisirs & tes appas, - Monde remply
d'ordure & fange, - Et par trop amateur et du change. - Cherche qui de ses ans
la fleur - Comme moy te donn' & son coeur : - Cherche qui veille oüir ta voix,
- Et se ranger dessous tes lois.
De moy, je ne veux plus te voir, - Tant il me fait mal de t'avoir - Si longtemps asservy
ma vie, - De peine & de tourment suivie, - Plein de soin & chargé d'ennuis
- Qui me rongent & jours & nuits, - Sans avoir parmy ces travaux - Une seule
heure de repos.
Tous les biens m'ont quitté depuis - Que je te sers, que je te suis - En tout malheur
quoy que je face - Me cherch'& me fuit & me chasse, - Et tu me dis, trompeur
attends - De ton loyer l'heure & le temps, - Tu n'as assés longtemps servi - Pour
mes biens avoir desservi.
Si tu n'es plus ferme & constant, - Cherche qui te rende content, - Je veux les
fruits d'une viellesse - Apres les fleurs de la jeunesse : - Mes biens ne sont pas
si petits - Qu'ils puissent estre departis - A celuy là qui comme toy - Fausse se
promesse & sa foy.
Las! j'ay trop longtemps atendu - Pauvre que je suis & perdu, - Plustot que je
devois prendre garde - A ce front & face blafarde, - Et penser avoir ton maintient
- Que jamais je n'aurois le bien - Que j'attendois en te servant : - Mais des paroles
& du vent.
Le coeur me le disoit ainsi, - D'autres me le disoyent aussi : - Mais helas! je ne
voulus croire - Que du fiel tu me ferois boire, - Que je verserois en mon sein - Un
torrent de larmes sans fin, - Bref que je n'aurois que du mal - Apres un service loyal.
J'ay si longtemps suivi la Cour, - Je me suis forcé nuit & jour - De servir les
grands, & leur plaire, - M'assujetissant à tout faire : - Mais je n'y ay trouvé
que fard, - Que feintise, & tost ou tard - La Cour fait son jeu de celuy - Qui
met en elle son appuy.
Combien de fois ay-je souffert - Les tours d'un ennemy couvert, - Qui me disois par
tromperie - Mon service est vostr' & ma vie, - Et puis au partir decochoit - Contre
moy sa langu' & tâchoit - De me faire perdre l'honneur, - Et de mon Prince la
faveur.
Si j'ay quelque-fois eu du bien - Je ne l'ay peu dire estre mien, - Rien à la Cour
n'est ferm' & stable - Que l'estre inconstant & muable. - Ores plus que Job
indigent, - Demain chargé d'or & d'argent, - Or en credit, & le mignon, -
Et puis un petit compagnon.
C'est ce qui me desplait en toy, - Monde pipeur, monde sans foy, - De n'avoir rien
en asseurance - Quoy qu'on te seve sans offence. - Tu fais tout ainsi qu'un enfant
- Qui donne & puis incontinent - Ne cesse de crier qu'il nayt - Le don qu'il avoit
desja fait.
Si j'eusse dessillé les yeux, - Plustot je m'en trouverois mieux, - Or je serois mis
en franchise, - Et ne vivrois plus à ta guise : - Sujét à tant de changements, - A
tant de peines, & tourments, - A un tas de flatteurs accorts - Qui se plaisent
au boute-hors.
En quelque lieu que je serois - Plus loing de toy, je chanterois - D'un coeur joyeux
ma delivrance, - Mon bien, ma paix, mon asseurance. - Je suis confus de ce que j'ay
- Si longtemps de ton pain mangé, - Et que je n'ay peu voir devant - Ce qu'ores je
voy clairement.
Mais il vaut mieux tard que jamais, - Je seray libre desormais : - Adieu la Cour,
adieu le monde, - Adieu source de maux feconde. - Je m'en vais lassé de tes tours
- Passer le reste de mes jours - Au plus creux des bois plus espais, - Pour y vivre
& mourir en paix.
Comparaison sources : Paroles changées dans une des 2 rééditions de 1618 chez Ballard