Source A :
Pseaume XXXVII. Domine ne in furore, & c - dans - Antonia Bembo - Les sept pseaumes
de David - partition, ms autographe [s.d.], p. 94-132 - F-Pn/ Rés Vm1 116
Cote source :
F-Pn/ Rés Vm1 116
Code source :
ABe.52
ABe.recueil.04.03
Type de source :
originale
Description de la source :
Ne m[']éxamine point, Seigneur, dans ta justice, - A mes voeux aujourd'huy rends
ta bonté propice, - Des traits de ta fureur tout couvert que je suis - Vois mon
corps qui n[']est plus qu'une profonde playe ; - Mais plus tost, (1) o mon dieu, dans
mes cruels ennuis - Vois si ma repentance est vraye. - Je ressens vivement le poids
de mes pechéz, - Mes crimes à mes maux demeurent attachéz - Mon triste
coeur percé du regret qui me tuë - Cede a la rigueur des tourmens, - Ma
vertu m'abandonne, et mon ame abbatuë. - Se consume en gémissement. (2)
- Je souffre des douleurs dont la moindre est mortelle - D'un sang empoisonné
la fource criminelle - Dans ce coeur malheureux tient son venin caché ; - Un
invisible feu circule dans mes veines, - Et je puis comparer la grandeur de mes peines
- A la grandeur de mon peché - Penetré de remors, accablé de miseres
- Comme un lion terrible en mes douleurs mortelles (3) - Je pousse des rugissemens.
- Ah ! Seigneur, qui connois tout ce que je desire, - Ecoute enfin mes cris, fait
cesser mes tourmens - Et rends moy le seul bien pour qui mon coeur soupire. - C'est
ta grace, Seigneur, qui fait tous mes souhaits, - C'est elle qui lavant mes énormes
forfaits, - Pourroit seule a tes yeux me rendre l'innocence : - Tu sçais que
mes tourmens ne sçauroient augmenter, - Que ma foible vertu ne les peut supporter
- Qu'en fin contre tes traits je n[']ay point de défense - Dans l'état deplorable
où ta rigueur m'a mis - Je suis persecuté de mes plus chers amis - De crimes
supposez ils noircissent ma vie, - Il semble qu'ils voudroient par de nouveaux malheurs
- Pour satisfaire leurs fureurs - Que la clarté me fut ravie. - A me deshonorer,
a croitre mes ennuis - Ils passent les jours et les nuits - Immobile, interdit, je
ne sçay que répondre, - Leurs discours par les miens ne sont point combattus
- Tant d'infidelitéz servent a me confondre - Et parmy tant d'horreur je ne me
connois plus - Cependant, ô mon dieu, lors qu'avec confiance - J'assure en toy
mon esperance - Quand je t'offre des voeux serois je rebuté : - Tandis que ces
méchans dont la cruelle joye - Aggrave encor les maux, dont tu me fais la proye,
- Jouissent d'un bonheur qu'ils n'ont point merité. - Si tu veux toute fois pour
expier mon crime - De leurs lâches complots me rendre la victime - Je n'en murmure
point, me voicy prest, Seigneur, - J[']accepte cest arrest je benis mon supplice ;
- Et quand mes envieux [ ?] sont comblez de bonheur - Mon coeur humble est soumis
adore ta justice - Mais de ces orgueilleux qui me foule (4) auz pieds - Les injustes
projets seront ils oubliez ; - L[']amour que j[']ay pour toy rend leur haine implacable,
- Comme un crime odieux ton nom m'est reproché, - Deja sans le secours de ta
main favorable - Du nombre des vivans ils m'auroient arraché. - Soulage mon tourment,
vois le mal qui me presse, - Helas ; Si ta bonté ne soutien ma foiblesse, - Rien
ne me peut sauver Seigneur je vais perir. - Ne m'abandonne point, c[']est en toy que
j[']espere - Avec la tendresse d'un pere - Mon dieu daignez me secourir.
On signale ci-dessous uniquement les différences significatives de la source
littéraire : - (1) plûtost - (2) gémissemens - (3) ameres - (4) foulent