Source A :
Le Charme de La Voix./ Cantate a Voix Seule, et Symphonie - dans - CANTATES FRANCAISES,
LIVRE SECOND - Paris, Boivin, Leclerc, 1729, p. 18-35 - F-Pn/ Vm7 247
Code source :
FCB. 506
FCB.recueil.02
Type de source :
originale
Description de la source :
RECITATIF (1) - Dans un boccage epais, ou regnoit le Silence - Florise dont la voix
enchante jusqu'aux Dieux, - S'applaudissoit un Jour de son indifference - Par ce recit
melodieux.
AIR (2) - En vain on donne a la tendresse - Ce qui n'est qu'un effet de L'art. - Mes
chants plaisent par une adresse - Ou mon coeur n'eut jamais de part. - Avec un egal
avantage, - Je chante les noires fureurs. - Et Sans applaudir au carnage - J'en Sçais
exprimer les horreurs.
RECITATIF - Le fidelle Berger qu'elle tient dans sa chaine, - De mille traits nouveaux,
se Sent encor percer, - Et Suivant en tremblant le penchant qui l'entraisne, - Il
voudroit luy parler, Et n'ose commencer, - Son trouble augmente Sa peine. (3) - Il
Soupire, - Et bientôt un desespoir affreux - Alloit eteindre Ses feux - par une
mort trop certaine, - Lors que dans ce désordre inspiré par L'Amour, - Il
tenta par son chant de flatter L'Inhumaine, - Et fit dire ces mots aux Echos d'Alentour.
AIR - Quand la belle florise chante, - On ne peut S'empescher d'aimer. - Jamais la
Divine Canente - ne Sceut Si bien L'art de charmer - Les oyseaux, aiment sa voix tendre
(4) - Autour d'Elle on les voit voler - l'un meurs du plaisir de l'entendre, - Et
l'autre de L'effort qu'il fait pour l'egaler.
RECITATIF - Ce langage flateur - aidé d'une voix tendre, - Eut pour Elle des
attraits, - Et jusqu'au fond du coeur - Luy fit Sentir les traits - Dont on a peine
a Se deffendre. - L'Amant vient, Il approche, Il parle de Ses feux, - Elle rougit,
Elle hesitte, Elle veut fuir de Si doux noeuds, - Mais un charme Secret qui la rend
interdite, - Augmente encor Ce trouble heureux - Dont l'habile Berger profitte. (5)
AIR (6) - Beautés qui ne pouvés chanter - Sans rendre les coeurs tous de
flâmes, - Songés que pour toucher votre âme, - Il ne faut que vous
imiter. - L'Amour pres de vous toujours veille, - Respectez son pouvoir vainqueur,
- Aisement il charme le coeur, - Lorsqu'il a Sçeu charmer l'Oreille.
Source littéraire :
(1) : Florize dont la voix prête a l'amour des armes - Pour triompher mesme des
Dieux, - De ses accens flateurs faisoit sentir les charmes - Par ce recit melodieux.
- (2) : On m'acuse en vain de tendresse - Quand je forme d'amoureux Sons, - Ce n'est
qu'une legere adresse - Je ne suis tendre qu'en chansons. - Avec un egal avantage
- Je peins le murmure des Eaux, - Le Tonnerre, les vents, L'Orage, - Le vol et le
chant des Oiseaux. - (3) : Lorsque dans ce desordre acable de sa peine - Son amour
l'inspira de chanter a son tour - Et pour atendrir l'inhumaine - Il fit dire ces mots
aux Echos d'alentour. - (4) : Quand mesme elle chante l'automne - Tout Cythere lui
fait la Cour, - L'Eloge du Dieu de la tonne - Sert au triomphe de l'Amour. - (5) :
[texte ajouté] - Aussitôt enchanté de son sort glorieux - Il adresse
ces mots aux oiseaux de ces lieux. - (6) : Sous ces tendres Feuillages - Venez petits
oiseaux - Accordez vos ramages - Au murmure des eaux. - Chantez l'objet que j'aime
- Secondez mes desirs - Et rendez le Ciel mesme - Jaloux de mes plaisirs. - Sortez
de vos retraites, - Accourez Dieux des bois, - Accordez vos Musettes - Au doux son
de sa voix.