Colin de Blamont, François
Repères biographiques
François Colin, né le 22 novembre 1690 à Versailles, est le
premier fils de Jeanne Colette et de Nicolas Colin, Ordinaire de la Musique du Roi.
Il étudie la musique avec son père et, vers 1707, participe aux concerts donnés par
la duchesse du Maine. En 1709, il entre au service de la Cour, d'abord comme haute-contre
des chœurs de la Chapelle, puis comme taille à la Chambre.
En 1719, François Colin
obtient de Jean-Baptiste de Lully fils sa charge de Surintendant de la Musique de
la Chambre en survivance. Dès cette date, il s'attache à remplir les devoirs de sa
nouvelle f...
Catalogue des recueils
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- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL DE CANTATES FRANÇAISES, I
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL DE CANTATES FRANÇAISES, II
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL DE CANTATES FRANÇAISES, III
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL DE MOTETS, II
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL D'AIRS, I
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL D'AIRS, II
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL D'AIRS, III
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL D'AIRS, IV
- COLIN DE BLAMONT, François - RECUEIL D'AIRS, V
- COLIN DE BLAMONT, François - MOTETS À 1 ET 2 VOIX ET À GRAND CHOEUR PAR MR DE BLAMONT
Catalogue des œuvres
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- MOTET
- motet TE DEUM LAUDAMUS (vx 8/ch.fr.5/orch.réd./bc vx 5/ch.fr.5/orch.5/bc)
- motet EXALTABO TE DEUS MEUS
- motet DOMINE SALVUM FAC REGEM
- JUPITER VAINQUEUR DES TITANS
- IL PASTOR FIDO
- LES FÊTES GRECQUES ET ROMAINES (vx16/ch.réd.2/orch.réd.2/bc)
- LES CARACTÈRES DE L'AMOUR (vx22/ch.fr.4/orch.réd.3/bc)
- LES FÊTES DE THÉTIS (vx11/ch.fr.4/orch.réd./bc)
- ENDYMION (vx17/ch.réd.2/orch.réd.2/bc)
- LE PARNASSE
- DIVERTISSEMENT
- DIVERTISSEMENT CHAMPÊTRE
- CONCERT POUR LA CONVALESCENCE DU ROI
- IDYLLE POUR LA CONVALESCENCE DU ROI [1721]
- LE RETOUR DES DIEUX SUR LA TERRE (vx10/ch.réd.2/orch.réd.2/bc)
- LES PRÉSENTS DES DIEUX
- L'IMPROMPTU DU LABYRINTE DE VERSAILLES
- LE CAPRICE D'ÉRATO (vx 7/ch.réd.2/orch.réd.2/bc sol2/d/bc)
- LA FÊTE DE DIANE (vx 4/ch.réd.2/orch.réd.2/bc)
- LES AMOURS DU PRINTEMPS (vx 6/ch.réd.3/orch.réd.3/bc)
- LE JARDIN DES HESPÉRIDES
- IDYLLE POUR LA CONVALESCENCE DU ROI [1744]
- LA NYMPHE DE VERSAILLES
- DIANE VENGÉE
- INTERMÈDES
- intermèdes pour la SEPTIÈME GRANDE NUIT DE SCEAUX
- intermèdes pour LA PRINCESSE D'ÉLIDE
- intermèdes pour L'INCONNU
- intermèdes pour BAZILE ET QUITTERIE
- intermèdes pour LE MAGNIFIQUE
- CANTATE
- DIANE ET ENDYMION (ut1/bc)
- CIRCÉ (ut1/bc)
- DIDON (ut1/vl,vl/bc)
- LA TOILETTE DE VÉNUS (sol2/fl,fl,hbt,hbt,vl/bc)
- L'AMOUR CONDUIT PAR LA FOLIE (ut1/bc)
- LE CHARME DE LA VOIX (ut1/fl,vl/bc ut1/fl,vle/bc)
- EUROPE (sol2/d/bc sol2/vle/bc)
- LE PARNASSE LYRIQUE (sol2/orch.3/bc)
- LA NYMPHE DE LA SEINE (ut1/orch.réd.4/bc)
- CIRCÉ, 1729 (ut1/fl,vl,vle/bc)
- CANTATILLE
- LE DÉPART DE LA RENOMMÉE (sol2/hbt,vl,vl/bc)
- REINE DANS LES TRANSPORTS (ut1)
- cantatille sur L'HEUREUX RETOUR DE LA REINE A VERSAILLES
- cantatille DES LIEUX LES PLUS RIANTS (sol2/d,d/bc)
- LES REGRETS DES BEAUX-ARTS (ut1/d,d/bc)
- ÉGLÉ
- LA MUSE HÉROÏQUE
- air AGRÉABLES MOMENTS
- air AIMEZ RIANTE JEUNESSE (sol2,fa4)
- air CHARMANT AMOUR (sol2,fa4)
- air COLETTE ET MOI (ut1,fa4)
- air DANS CE REPAS (fa4)
- air DANS LES BEAUX YEUX D'IRIS (ut1/bc)
- air DANS NOS CHAMPS (ut1/bc)
- air DANS VOS REGARDS (sol2/bc)
- air DE MARS INCONNU (sol2/bc)
- air DE NOS BOCAGES (sol2/vl)
- air DU PLUS FIDÈLE AMANT (ut3/fl/bc)
- air FOIN DE LA PAIX (ut1,fa4)
- air GRÉGOIRE AU CABARET ENTRANT (fa4)
- air GRÉGOIRE DONT LA FEMME (fa4/bc)
- air HEUREUX OISEAU VOUS CHANTEZ (ut1)
- air HYMNE À L'AMOUR (ut3/bc)
- air JE M'APERÇOIS JEUNE LISETTE (sol2/bc)
- air JE SONGEAIS À GARDER MON COEUR (ut1/bc)
- air LA CONSTANCE EST UNE CHIMÈRE (sol2/bc)
- air LA TRISTE PHILOSOPHIE (sol2,fa4)
- air LES PRIX QUE LA GLOIRE (ut3/fl,fl/bc)
- air LES PLAISIRS DE LA VIE (ut1,ut1)
- air LIVRONS SANS ALARME (ut1/bc)
- air L'OMBRE ET LE SILENCE (ut1/bc)
- air LORSQUE PASSANT LES MERS (fa4)
- air LORSQU'IRIS CHANTE (sol2/bc)
- air MAÎTRE ABSOLU DES CIEUX (fa3/bc)
- air METTRE SA FEMME À LA RAISON (sol2,fa4)
- air NE PENSE POINT LUCAS (sol2,fa4)
- air NE VOUS ÉTONNEZ PAS JULIE (sol2/bc sol2)
- air OR ÇA DIS RÉPONDS MATURAINE (sol2,sol2)
- air PÈRE DES DIEUX (sol2,fa4)
- air QU'IL EST DOUX AVEC CE QU'ON AIME (sol2/d/bc)
- air QUOI TOUJOURS VANTER DE L'IVRESSE (sol2,fa4)
- air GRÉGOIRE EH BIEN GRÉGOIRE (fa4)
- air RÉPÉTEZ ÉCHOS (ut1/bc)
- air SUR TA LYRE (sol2/d/bc)
- air TON RÈGNE SERVAIT (sol2/fl/bc)
- air TOUS LES MATINS (fa4)
- air UN JOUR QU'IRIS (sol2/bc)
- air VOUS FAVORIS DE MARS (ut3/orch.réd.3/bc)
- CONCERTO POUR VIOLON EN SI b MAJEUR (vl/orch.4)
- CONCERTO POUR VIOLON EN LA MAJEUR (vl/orch.4)
- PARTITA POUR ORCHESTRE EN RÉ MAJEUR (orch.6)
- PARTITA POUR ORCHESTRE EN SI b MAJEUR (orch.4)
- SUITE DE NOËLS
- SYMPHONIE
- LES AMUSEMENTS DE MOMUS
- ÉLOGE DE MICHEL-RICHARD DELALANDE
- ESSAI SUR LES GOÛTS ANCIEN ET MODERNE DE LA MUSIQUE FRANÇAISE
- motet ATTENDE ANIMA AETERNA (ut1/d,d/bc ut1/vl,vl,vla/bc ut1/vl,vl/bc)
- motet DILIGAM TE DOMINE FORTITUDO (sol2,sol2/bc)
- motet EXALTABO TE DEUS MEUS (sol2,fa4/bc)
- motet REGINA CAELI LAETARE (sol2,fa4/bc)
Description du projet : Colin de Blamont, François
Repères biographiques
François Colin, né le 22 novembre 1690 à
Versailles, est le premier fils de Jeanne Colette et de Nicolas Colin, Ordinaire de
la Musique du Roi. Il étudie la musique avec son père et, vers 1707,
participe aux concerts donnés par la duchesse du Maine. En 1709, il entre au
service de la Cour, d'abord comme haute-contre des chœurs de la Chapelle, puis
comme taille à la Chambre.
En 1719, François Colin obtient de Jean-Baptiste
de Lully fils sa charge de Surintendant de la Musique de la Chambre en survivance.
Dès cette date, il s'attache à remplir les devoirs de sa nouvelle fonction.
En juillet 1723, Colin de Blamont donne à l'Académie royale de Musique Les
Fêtes grecques et romaines, ballet héroïque sur un poème
de Louis Fuzelier, qui restera son chef-d'œuvre. Quelques mois auparavant, le
Surintendant avait déjà fait paraître son Premier Livre
de Cantates françaises qui sera suivi de deux autres recueils édités
en 1729. Les premières années du règne de Louis XV sont marquées
par une succession d'événements auxquels le Surintendant participe activement
: il donne ainsi Le Retour des Dieux sur la Terre pour le mariage
du Roi (1725), Les Présents des Dieux pour la naissance
de Mesdames de France (1727), Le Caprice d'Erato et Le
Ballet du Parnasse à l'occasion de celle du Dauphin (1729). À
la mort de Lalande en 1726, Colin de Blamont et Destouches se partagent le poste de
Maître de la Musique de la Chambre ayant en charge l'éducation des Pages.
Ils ont également la responsabilité des Concerts de la reine Marie Leczinska.
En 1731, Colin de Blamont donne à l'Académie royale de Musique la pastorale
héroïque Endymion sur un texte de Pellegrin et, en
1738, le ballet héroïque Les Caractères de l'Amour,
d'après plusieurs poètes anciens et modernes.
À partir de
1744, le vieux maître abandonne partiellement ses charges au profit de François
Francœur et Bernard de Bury. En 1745, le mariage du Dauphin est l'occasion de
grandes réjouissances auxquelles Colin de Blamont contribue avec sa tragédie
lyrique Jupiter Vainqueur des Titans. De 1748 à 1750, le Surintendant
participe aux représentations organisées par la marquise de Pompadour
sur son Théâtre des Petits-Appartements : il y fait donner son dernier
ouvrage, Les Fêtes de Thétis, en collaboration avec Bernard
de Bury. La mauvaise santé du Surintendant l'oblige à s'éloigner
de la Cour. C'est alors qu'il prend la plume pour participer aux débats de
la Querelle des Bouffons à travers son Essai sur les Goûts ancien
et moderne de la Musique française relativement aux Paroles d'Opéra.
En reconnaissance de ses services, Louis XV lui accorde successivement des lettres
de noblesse (décembre 1750) et le cordon de l'ordre de Saint-Michel (avril
1751). Il meurt à Versailles le 14 février 1760.
Notes stylistiques
L'œuvre musicale de Colin de Blamont est symptomatique
de l'évolution esthétique de la première moitié du règne
de Louis XV. Le compositeur fait partie de ces " continuateurs " de Lully devenus
" contemporains " du grand Rameau : Mouret, Leclair, Blanchard, Madin, Francœur,
Rebel, Mondonville ou Royer… une génération de musiciens encore
mal connus et sur lesquels peu de travaux musicologiques ont été menés.
Élevés
dans le goût du Grand Siècle, tous œuvrèrent à imaginer
de nouvelles voies d'évolution possibles du style musical français.
L'essor de la danse, la naissance du concert public, l'art de l'" orchestration ",
l'invention d'une virtuosité vocale et instrumentale modernes furent autant
de pistes que chacun explora selon sa propre sensibilité et son savoir-faire.
De
par son statut à la Cour, Colin de Blamont signa des musiques qui se devaient
de porter le flambeau d'une " école versaillaise " dont il ne sera qu'un maillon,
entre son maître Lalande (mort en 1726) et son disciple et successeur Bury (mort
en 1785). Le respect de la tradition et le poids du protocole apparaissent comme deux
composantes essentielles du régime monarchique : aussi, toute la première
partie du règne de Louis XV fut-elle marquée par le souvenir du Grand
Siècle de Louis XIV, imposant aux artistes officiels de combiner leur talent
à un style volontairement passéiste. L'avancée en âge de
Louis XV et sa progressive affirmation personnelle libérèrent la création
de ce carcan, jusqu'au plein épanouissement du " style Louis XV " au milieu
des années 1740. Pour Colin de Blamont, la révélation parallèle
du génie de Rameau ouvrit de nouvelles perspectives, sensibles dès le
lendemain de la création d'Hippolyte & Aricie à l'Académie
royale de Musique (1733). Aussi, l'œuvre de ce compositeur peut-elle, de manière
très évidente, être divisée en deux grandes périodes
de création.
1715-1731 : L'assimilation des modèles : Lully, Campra, Lalande
Après avoir composé principalement des airs
et des cantates, Colin de Blamont se tourne vers le théâtre lyrique au
milieu des années 1720. Dans ce cadre, il opte pour un style radicalement différent,
beaucoup plus dépouillé et souvent emphatique. Les conditions d'exécutions,
sans doute, le poussaient à ne pas produire d'œuvres trop ciselées
(trop subtiles ?) dont l'effet serait médiocre sur un grand théâtre.
Ceci explique en partie l'importance dévolue au récit dans Les
Fêtes grecques et romaines (1723), récit toutefois plus mélodique
que dramatique. Les petits airs de mouvement y sont omniprésents, structurant
le discours et caractérisant les personnages. Les effets harmoniques sont rares
et localisés : tout au plus peut-on signaler quelques frottements de septièmes
ou de neuvièmes aux cadences ; l'orchestre et les chœurs sont traités
massivement. Les timbres instrumentaux ne sont pas vraiment exploités, le trio
de hautbois et basson restant l'alternative principale au tutti.
Le Retour
des Dieux sur la Terre (1725) affiche de nouvelles couleurs : les récits
accompagnés se multiplient. Les pièces instrumentales sont plus variées
et de facture parfois inattendue ; elles jouent sur les timbres, notamment des flûtes
et bassons, mais aussi de la trompette. Le style général de ce divertissement
est plus proche des cantates que des Fêtes grecques et romaines sans doute parce
qu'il était avant tout destiné au concert, joué par une formation
réduite dans un espace restreint et sans jeu de scène. Au Caprice
d'Erato (1729), peuvent s'appliquer les mêmes appréciations,
bien que le livret - plus dramatique - soit l'occasion de signer des pages fortement
caractérisées (bruit infernal, sommeil, ramage, fanfare…), chacune
étant mise en valeur par l'emploi d'instruments spécifiques (basses
de violon, flûtes, bassons, violons, cors…). De grandes ariettes, insérées
dans tous ces ouvrages, rappelle le style italianisant de Campra.
De la même
époque date le Te Deum (1726), qui révèle
quant à lui la grande influence de Lalande. Si l'écriture chorale est
rarement complexe, elle présente toutefois une palette plus variée que
les chœurs d'opéras composés jusqu'alors, et des formes plus ambitieuses,
développées par un système de modulations sommaire mais efficace,
et quelques essais de fugato. Les récits de solistes, qui prennent
de multiples formes, sont particulièrement inspirés.
Certaines des
cantates éditées en 1729 s'éloignent du modèle du genre,
et se caractérisent par un style moins italianisant et de nombreux emprunts
au théâtre lyrique. La souplesse vocale et les formes standardisées
comme le da capo cèdent la place à des formules plus
souples, comme l'arioso, l'air binaire ou le récitatif accompagné.
Lié aux choix des sujets, le geste vocal se fait moins dramatique et privilégie
le lyrisme. L'instrumentarium s'élargit considérablement (flûtes,
hautbois, musettes, bassons, basses de viole, trompettes, timbales, violons).
Endymion (1731)
conserve la physionomie des Fêtes grecques et romaines, mais s'enrichit
des recherches mises en œuvre dans Le Retour des Dieux sur la Terre (les
récits accompagnés notamment). Le livret permet à Colin de Blamont
de signer de grandes pages vocales. Les parties instrumentales restent assujetties
à l'écriture vocale. Les audaces harmoniques sont de plus en plus nombreuses
mais restent très localisées.
Le livre de motets (1732) est l'occasion
pour Colin de Blamont d'appréhender un nouveau genre. Conçus sur un
plan assez traditionnel (voisin de celui de la cantate française), les petits
motets sont marqués par un style galant assez décoratif et sont tout
imprégnés de modèles chorégraphiques.
1734-1750 : La révélation de Rameau
La Fête de Diane (1734) amorce une évolution
stylistique sensible : le récitatif n'est plus structuré par des airs
de mouvements mais par un jeu plus rapide de modulations et d'emprunts. L'instrumentation
s'enrichit considérablement, usant des flûtes, hautbois, bassons et cors
avec de plus en plus de liberté et d'originalité.
Il existe une réelle
proximité entre Les Caractères de l'Amour (1736)
et Les Amours du Printemps (1737), notamment dans les modulations
du récit, le dramatisme de certaines sections (airs de basse) et l'originalité
de certaines pièces instrumentales (comme les entractes). La majorité
des éléments du discours appartient pourtant à un style que Colin
de Blamont connaissait de longue date, et qu'il avait appliqué dans ses premières
cantates françaises (Circé et Didon notamment).
L'harmonie s'enrichit considérablement sur de longues séquences (jeu
sur les modes majeurs et mineurs, accords altérés ou diminués,
modulations brusques) : ces effets ne sont plus polarisés à la cadence.
Les marches harmoniques, disposées de manière moins conventionnelle,
donnent une allure plus moderne à certains développements. Toutefois,
le badinage élégant et le ton populaire ne sont pas bannis pour autant
: Colin de Blamont convoque, à dessein, de petits airs galants dans le style
de l'air sérieux, des basses de musettes et des danses caractérisées
(rigaudon, bourrée, passepied, tambourin…). Certaines formules d'accompagnement
sont originales - arpèges, figures brisées, pédales internes
- et consécutives à un traitement de plus en plus particulier de chaque
instrument. Le basson, employé dans une tessiture médiane entre les
violons et la basse, donne une couleur spéciale à certaines pages, évoquant
Rameau.
La révision du Te Deum, en 1744, est l'occasion de
signer des pages parmi les plus réussies : à la suite de Rameau, mais
dans un autre genre, Colin de Blamont renouvelle son vocabulaire harmonique. Il renforce
l'accompagnement et joue sur les couleurs instrumentales pour créer la variété.
Sans doute la tragédie Jupiter vainqueur des Titans (1745),
aujourd'hui perdue, était-elle redevable à ce même style ?
Les
Fêtes de Thétis (1750) synthétisent l'ultime évolution
stylistique de Colin de Blamont. L'écriture instrumentale est plus nerveuse,
plus ciselée. Elle a notamment recourt à d'éloquents unissons
d'orchestre. Les harmonies sont audacieuses, usant des septièmes, des neuvièmes,
des accords diminués et jouant avec les retards, les anticipations et les frottements
liés à une riche ornementation. Pour autant, le style reste pompeux,
parfois sévère, toujours dramatisé par des rythmes pointés
et des fusées d'orchestre. L'écriture chorale est définitivement
affranchie de son accompagnement instrumental, qui dessine autour de la voix des arabesques
dynamiques. La superposition de plusieurs solistes et du chœur crée un
tissu sonore complexe et grandiose qui n'est pas sans évoquer le grand motet
contemporain, notamment d'un Mondonville.
Toutes ces remarques tendent à
montrer la fantastique évolution du style de Colin de Blamont. Peu de compositeurs
- notamment parmi ses contemporains - surent ainsi se remettre en cause, saisir les
accents de la " modernité ", et rester - jusqu'à un âge avancé
- à l'écoute de leur temps.
Le catalogue des œuvres : présentation générale
Devenu très jeune Surintendant de la Musique de la
Chambre du Roi - il avait 29 ans -, François Colin de Blamont eut à
sa charge de superviser les nombreuses manifestations musicales de la Cour durant
près de quarante ans. Fêtes exceptionnelles et spectacles pompeux pour
célébrer les grandes heures du règne de Louis XV, mais aussi
musiques du quotidien - concerts d'appartements, exécutions en plein-air ou
impromptus musicaux à l'initiative de tel ou tel courtisan… Il n'est
pas nécessaire de rappeler la multitude de tâches qui lui incombait pour
comprendre que, tout prestigieux que fut ce poste, il ne facilitait guère une
composition musicale régulière.
Pourtant, le catalogue de l'œuvre
de Colin de Blamont compte un peu plus d'une centaine de notices et l'on imagine,
à travers différents témoignages, qu'un certain nombre d'œuvres
a été perdu ou détruit : la muse de ce compositeur était
donc féconde, stimulée sans doute par un cadre prestigieux, des interprètes
de renom, et des moyens - logistiques et financiers - à la hauteur de ses ambitions.
Dans
le détail comme dans son ensemble, ce catalogue présente des caractéristiques
très particulières, étroitement liées au " métier
" de Surintendant :
- Une grande variété de genres : Versailles, au temps de Louis XV, oscille entre solennité et intimité, démesure et miniature… À sa manière, le corpus des œuvres de Colin de Blamont traduit cette double polarité de la vie de cour, en regroupant tous les genres musicaux de son temps : ouvrages lyriques ambitieux (tragédies lyriques, ballets héroïques…), divertissements, pastorales et idylles ; cantates, cantatilles, airs sérieux et à boire ; musique sacrée ; symphonies et suites d'orchestre. Chanteur de formation, il s'est principalement consacré aux ouvrages lyriques et aux pièces vocales. Au sein de cette diversité foisonnante, le compositeur se révèle d'une grande habileté à manier les styles et les formes propres à chaque genre. S'il se montre passéiste et emphatique dans ces œuvres de circonstance, il sait rester à l'écoute de son temps dans ses cantates et ses cantatilles qu'il charge d'italianismes, et développer - dans ses airs - une poétique de la galanterie telle que la France de Madame de Pompadour la cultivait.
- Une grande qualité des sources conservées : de par son statut, Colin de Blamont occupait une place privilégiée qui facilita son accès à différentes institutions (Académie royale de Musique, Concert Spirituel…) ainsi que l'édition régulière de ses ouvrages. La quasi-totalité de ceux-ci nous est parvenue sous la forme d'une ou de plusieurs sources éditées, généralement conservées en de nombreux exemplaires disséminés dans toute l'Europe. La Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque municipale de Versailles conservent l'essentiel des sources musicales, provenant des anciens fonds de la musique du Roi, du Concert Spirituel et de l'Académie royale de Musique. Seules les musiques " d'accompagnement ", pièces instrumentales pour le Souper du Roi ou pour la fête de Saint-Louis, circulèrent sous forme de manuscrits et sont aujourd'hui perdues. Cette abondance de partitions éditées fait toutefois regretter la rareté des sources manuscrites, notamment autographes. Seul le manuscrit des représentations d'Endymion à l'Académie royale de Musique semble de la plume de l'auteur, plume que l'on ne retrouve que de loin en loin, apportant de laconiques corrections dans l'édition de quelques pièces en vue de futurs retirages.
- Une documentation abondante, reflet du rôle officiel de cette musique à Versailles : les organes de propagande de la politique royale, le Mercure de France ou la Gazette de France, se font l'écho fidèle des concerts donnés chez la Reine ou de l'éxécution des Te Deum durant la Messe du Roi. Mais les commentaires se bornent le plus souvent à citer le Surintendant sans proposer de véritable débat sur les qualités de son œuvre, contrairement aux polémiques que soulèvent certains de ses contemporains - Rameau en tête - . Cette documentation a principalement un intérêt historique et social, n'abordant que très rarement des considérations esthétiques ou stylistiques : celles-ci sont à chercher dans les " Mémoires ", " Journal " ou " Correspondances " de l'époque, qui permettent, parfois par des bribes presqu'insaisissables, de mieux comprendre comment le compositeur fut perçu en son temps. C'est au duc de Luynes, par exemple, que l'on doit les anecdotes les plus piquantes concernant la " Querelle des Te Deum " qui opposa Colin de Blamont aux Sous-Maîtres de la Chapelle royale.
Pour toutes ces raisons, le profil du catalogue de l'œuvre
de Colin de Blamont est très spécifique : il se caratérise notamment
par l'abondance de " commentaires contemporains ", concernant surtout les ouvrages
lyriques. J'ai tenu à les joindre systématiquement aux notices de chaque
ouvrage, afin de regrouper ici l'état actuel des connaissances, de le mettre
à la disposition de tous, et d'éviter aux chercheurs d'avoir à
recommencer le fastidieux travail de collecte auquel je me suis déjà
astreint.
Il va de soi qu'un tel catalogue ne peut prétendre à l'exhaustivité.
Certaines sources ou certaines œuvres de Colin de Blamont referont sans doute
surface dans les prochaines années, remettant peut-être en cause mes
conclusions : c'est là le lot de toute recherche.
L'organisation de ce catalogue
répond à un classement générique :
FCB. 000 à 099 | Grands motets |
FCB. 101 à 199 | Petits motets |
FCB. 201 à 299 | Œuvres lyriques |
FCB. 300 à 399 | Petits opéras (divertissements, idylles, actes de ballet ... ) |
FCB. 400 à 499 | Intermèdes |
FCB. 500 à 599 | Cantates |
FCB. 600 à 699 | Cantatilles |
FCB. 701 à 799 | Airs |
FCB. 801 à 899 | Œuvres instrumentales (concertos, partitas, suites…) |
FCB. 901 à 999 | Écrits |
FCB.receuil.01 à 99 | Recueils |
Certaines notices regroupent des commentaires évoquant l'exécution d'ouvrages non identifiés et/ou perdus :
FCB. 000 | grands motets non identifiés |
FCB. 300 | divertissements non identifiés |
FCB. 400 | intermèdes non identifiés |
FCB. 500 | cantates non identifiées |
FCB. 600 | cantatilles non identifiées |
Remerciements :
Je tiens à remercier chaleureusement toutes celles
et ceux qui m'ont accompagné dans ce long travail :
Jean Duron et Georgie
Durosoir, qui ont encadré et encadrent toujours mes travaux sur François
Colin de Blamont.
Les chercheurs et musicologues associés au Centre de Musique
Baroque de Versailles, pour les informations et les conseils qu'ils m'ont judicieusement
prodigués : avant tout Catherine Cessac, GérardGeay, Thomas Leconte,
Louis Castelain et Joseba Berrocal.
L'équipe de l'Atelier d'études
du CMBV, et tout particulièrement Christophe Doinel, Jérémy Crublet,
Barbara Nestola, Nathalie Berton, Sylvie Lonchampt et Viviane Niaux.
Madame D.
pour la saisie d'informations longues et fastidieuses ; Virginie Estève pour
la mise à jour et l'ultime mise en forme du catalogue.
Les équipes
de la Bibliothèque nationale de France, pour leur efficacité et leur
accueil chaleureux.
Je dédie tout particulièrement ce catalogue à
Corinne Daveluy qui, la première, a encadré et accompagné mon
travail de recherche et de mise en forme. Sans elle, un tel projet n'aurait jamais
vu le jour.
Benoît Dratwicki