Argument :
Le divertissement se passe sur les bords de la Seine dans un boccage, dont les Arbres
sont entrelacés de guirlandes de fleurs. Des bergers & des bergères héroïques
commencent par exprimer le plaisir qu'ils ressentent dans ces belles retraites.
Il n'est point pour l'amour de retraite plus belle. - Tout flate les Amans dans cet
azile heureux ; - L'indifférent y devient amoureux, - L'inconstant y devient fidelle.
Le retour du Berger Licas occasionne une Scène très-galante entre lui & la Bergère
Ismène, qu'il adore. Avant que de la voir, il est interrogé par des Bergers zélés
qui lui demandent des nouvelles du Roi, cédez, lui dit un d'eux,
Cédez à notre impatience ; - Vous avez parcouru tout l'empire des Lis ; - Parlez-nous
cher Licas des exploits de Louis, - De ses vertus, de sa magnificence.
Licas.
Sa Cour a tout l'éclat qui brille dans les Cieux... - Il fait adorer sa puissance
; - C'est ainsi que règnent les Dieux... - Une si belle vie, - Qui fait tant de jaloux,
- Sans le secours du Ciel nous eût été ravie... - Nos ennemis, fuyant ses coups, -
Ont moins tremblé que nous. - Dieux ! ne bornez jamais ses belles destinées ! - Du
plus chéri des Rois ne soyez pas jaloux ; - Ah ! si nos voeux pouvoient prolonger
ses années, - Notre amour le rendroit immortel, comme vous.
Après les épanchemens de ces coeurs champêtres, Licas revient à Ismène.
Licas.
Que n'ai-je point souffert en quittant ce rivage ! - L'Amour en pleurs suivoit mes
pas. - Si mon éloignement trahissoit vos appas, - Ils étoient trop vengés ; j'emportois
leur image...
Ismène vaincue par la persévérance de Licas, lui avoue enfin qu'elle partage sa tendresse.
Je ne vous ai point vû quitter ce beau séjour - Sans une peine extrême : - Pardonner
au départ en faveur du retour, - N'est-ce pas dire que l'on aime.
Mars suivi de guerriers survient avec Palès. Les Trompettes se joignent aux musettes
pour célébrer un Roi, qui ne fait la guerre que pour établir la paix. Toutes les voix
se réunissent pour le célébrer.
Quel héros est plus triomphant ! - Il faut sur l'Univers que son sceptre préside.
- C'est la sagesse qui le guide, - Et la valeur qui le défend.
Commentaires contemporains :
Mercure de France, novembre 1744, I, p. 112 : [Louvre, Concert de la Reine, pour la
convalescence du Roi, 14 novembre 1744] - « Il y eut aussi ce même jour Concert au
Louvre dans l'Appartement de la Reine. On y exécuta une Idille dont les paroles sont
de M. de Bonneval, Intendant & Contrôleur des Menus-Plaisirs de Sa Majesté, capable
non-seulement de conduire ses Fêtes, mais de les imaginer ; la Musique est de M. de
Blamont, Surintendant de la Musique du Roi, si connu par le ballet des Fêtes Grecques
& Romaines, le Caprice d'Erato & par d'autres ouvrages qui ont avantageusement
établi sa réputation. [Suit l'argument] - On ne peut donner dans un extrait tout ce
qui mérite le suffrage des Lecteurs, mais M. de Blamont fait imprimer ce Divertissement.
On pourra jouir à la fois des agrémens des paroles & de la Musique. »
LUYNES (duc de), « Mémoires », 14 novembre 1744, Paris : - « Aujourd'hui il y a eu
un concert au bout de la galerie, à six heures ; c'est un divertissement composé par
M. de Blamont, dont les paroles sont de M. de Bonneval ».