Source A :
EUROPPE/ Cantate/ a Voix Seule/ Et Symphonie/ pour le violon/ ou la violle - dans
- CANTATES FRANCAISES, LIVRE PREMIER - Paris, Boivin, Leclerc, 1729, p. 36-67 - F-Pn/
Vm7 247
Code source :
FCB. 507
FCB.recueil.02.03
Type de source :
originale
Description de la source :
RECITATIF - Ne puis-je me flatter qu'un vain songe m'abuse ? - Suis-je en effet sur
ces funestes bords - D'un perfide Ennemy la criminelle ruse - M'auroit-elle livrée
a d'eternels remords ? - C'est ainsi que de Mers, - Europpe environnée, - Veut
douter de sa destinée.
AIR [Gracieusement sans lenteur] - Ce n'est pas sans beaucoup de soins - Que d'Amour
on peut se deffendre, - C'est lors qu'on y pense le moins, - Qu'il est plus prompt
a nous surprendre. - Ce Dieu dans ses combats charmants - Trouve des palmes toujours
prêtes, - S'il prend divers deguisemens, - C'est pour augmenter ses conquêtes.
RECITATIF - Mais Europpe longtemps ne Sçauroit S'abuser, - Barbare a te flatter
devois je m'amuser - dit-Elle, - Mon malheur n'est que trop veritable - J'ay donc
franchy les mers, - Leur espace effroyable - Me separe d'un Pere - et m'ôte tout
Espoir. - Je faisois son bonheur, - Il me perd, fille ingratte, - La vie est-elle
encor un objet qui te flatte.
AIR [Vivement et piqué] - Monstre Si quelque Dieu te met en mon pouvoir, - Tu
ne braveras plus mon sexe ny mon age ; - Je Suis Seule en ces lieux,mais j'espère
en ma rage. - Sous mes coups redoublés je veux te voir perir, - Et me venger
du moins avant que de mourir.
AIR [Légèrement et louré] - La Jeunesse folle, - cede a Ses desirs,
- Et dans les plaisirs - vogue sans boussolle. - Son coeur temeraire - Se donne au
hazard, - Et toujours trop tard - La raison l'eclaire.
RECITATIF - D'Europpe errante dans ces lieux, - Jupiter cependant vient calmer les
allarmes, - Dans un éclat Divin Il se montre a ses yeux, - Cesse enfin luy dit-il
de repandre des larmes, - Je t'offre ce Monstre Odieux, - Pour vaincre Jupiter Il
suffit de tes charmes, - Triomphe d'un amant qui fait trembler les Dieux, - Viens
jouir avec luy d'une gloire immortelle, - Fais briller dans les Cieux, Une beauté
nouvelle.
AIR [Légèrement] - C'est sans effort que la beauté - Nous soumet a
ses loix Suprêmes, - Doux eceüil de la liberté - Elle assujetit les
Dieux mêmes. - Mais Si tous Ses traits sont vainqueur, - Combien s'augmente Sa
puissance, - Lors qu'elle vient toucher les coeurs - par les attraits de L'Innocence.