Philidor Vitrine

Une édition numérique de la base Philidor4

Oeuvre, notice n°87858

Numéro d'origine (JLB ou EZPUBLISH) : LECLAIRO-03412

SCYLLA ET GLAUCUS, op. 11

Type de contenu : Musique
Personnes ayant un rapport avec l'oeuvre :
  • LECLAIR, Jean-Marie l'aîné - compositeur
  • ALBARET, Mr d' - auteur du texte
  • NOAILLES, Marie-Anne-Françoise, comtesse de Noailles - dédicataire
  • BOIVIN, Elisabeth-Catherine Ballard, veuve - éditeur
  • LECLERC, Jean-Pantaléon - éditeur
  • BELLANGER, Mr - interprète
  • BELOT, Mr - interprète
  • BORNET, Mr - interprète
  • CAILLEZ, Mr - interprète
  • CAZEAU, Mlle - interprète
  • DELÂTRE, Mlle - interprète
  • DELORGE, Mlle - interprète
  • DELORME, Mlle - interprète
  • DEVAUX, Mlle - interprète
  • DU CHÂTEAU, Mlle - interprète
  • DUCHÊNET, Mr - interprète
  • DUN, Mlle - interprète
  • GALLARD, Mr - interprète
  • GRATIN, Mr - interprète
  • HOUBAULT, Mr - interprète
  • LARCHER, Mlle - interprète
  • LAUBERTIE, Mr - interprète
  • LE BRETON, Mlle - interprète
  • LEFÈBVRE, Mr - interprète
  • LEVASSEUR, Mr - interprète
  • LURCY, Mlle - interprète
  • MASSON, Mlle - interprète
  • MONBRUN, Mlle - interprète
  • MONVILLE, Mlle - interprète
  • PINOT, Mr - interprète
  • QUINTIN, Mr - interprète
  • ROCHETTE, Mr - interprète
  • TERRASSE, Mr - interprète
  • COURCELLE, Mlle - interprète
  • SAUVAGE, Mlle - interprète
  • DUMAY, Mr - interprète
  • HAMOCHE, Mr C. - interprète
  • BEAUFORT, Mlle - interprète
  • DALLEMAND, Mlle - interprète
  • PETIT, Mlle - interprète
  • CARVILLE, Mlle - interprète
  • DEVICE, Mr - interprète
  • CARTOU, Marie-Claude-Nicole - interprète
  • CAMARGO, Marie-Anne Cupis de - interprète
  • COUPÉ, Marie-Angélique - interprète
  • FEL, Marie (1713-1794) - interprète
  • MATIGNON, Antoine-François - interprète
  • MINAUT, Anne - interprète
  • CUVILLIER, Louis-Antoine - interprète
  • CHEVALIER, Marie-Jeanne - interprète
  • GONDRÉ, Louise - interprète
  • FEUILLADE, Guillaume-François - interprète
  • JACQUET, Louise - interprète
  • JÉLYOTTE, Pierre de - interprète
  • LYONNOIS, Marie-Françoise REMPON dite (1728- ?) - interprète
  • MARCELLET, Jacques-Claude - interprète
  • DANGEVILLE, Antoine-François - interprète
  • DUGUÉ, Mr - interprète
  • TULOU, Madeleine - interprète
  • ROMAINVILLE, Mlle Rotisset de - interprète
  • PITROT, Antoine-Bonaventure - interprète
  • PERSON, Mr - interprète
  • DUPRÉ, Jean-Denis - interprète
  • BOURQUE, Jean-François - interprète
  • ALBERT, Blaise - interprète
  • CHAPPOTIN, Marc-Antoine - interprète
  • FEL, Antoine - interprète
  • DUMOULIN, David - interprète
  • ROSALIE, Mlle - interprète
  • LE MESLE, Mr - interprète
  • MONSERVIN, Mr - interprète
  • MALTER, le cadet - interprète
  • DUMOULIN, François - interprète
  • RIVIÈRE, Mlle - interprète
  • LE PAGE, Joseph - interprète
  • PUVIGNÉE, Mlle - interprète
  • SAINT-GERMAIN, Mlle - interprète
  • LYONNOIS, Mr - interprète
  • THIERRY, Mlle - interprète
  • DESERRE, Mr - interprète
  • LA TOUR, Mr de - interprète
  • LOUATRON, Mr - interprète
  • LA MARE, Mr de - interprète
  • RÔLLET, Mlle - interprète
  • SAINT-MARTIN, Mr - interprète
  • DUMOULIN, P. - interprète
Page 1 sur 13
Genre musical : tragédie en musique
Genre du texte : Non renseigné
Cote CMBV : CMBV/ MI 308 [A-Wn/ SA 80 A 3] CMBV/ ARC LECL 01 [F-Pn/ Vm2 432]

Effectif et instrumentation

Effectif musical : vx12/ch.fr.4/orch.fr.4/bc
Note sur l'effectif :
solistes : ut1, ut1, ut1, ut1, ut1, ut1/sol2, ut3, ut3, ut4, ut4/fa4, fa4, fa4 - dans la distribution du 4.10.1746, Mlle CAZEAU interprète les rôles de L'Amour (ut1) et Coriphée des Suivants de Circé (sol2) ; Mr ALBERT chante le rôle d'Hécate (ut4) et celui d'un Sylvain, amant de Scylla (fa4) - orchestre composé principalement d'un quatuor à cordes, avec parties souvent divisées - mention de plusieurs instruments : 1.res et 2.es flûtes, 1.ers et 2.es hautbois, trompettes, bassons, 1.ers et 2.es Violons, hautes-contre de Violons, tailles de Violons, basses [de Violons], timbales, clavecin
Instrumentation : Non renseignée

Source(s)

Source A :
[1er état] - SCYLLA/ Et/ GLAUCUS./ Tragédie/ mise en Musique/ PAR M. LE CLAIR./ Representée pour la premiere fois/ par l'Académie Royale de Musique,/ Le [ ] Octobre 1746./ Dédiée/ A MADAME LA COMTESSE/ DE LA MARK/ Prix en blanc 21.lt/ A PARIS/ Chez L'auteur, ruë S.t Benoist prés la porte de l'Abbaye S.t Germain./ La V.e Boivin, M.de ruë S.t Honoré à la Régle D'or./ Le S.r Le clerc, M.d ruë du Roule à la Croix D'or./ Avec Privilége du Roi. [s.d.] - partition, [IV]-XXVIII-169 [i.e. 171]-[1] p. - F-Pn/ Vm2 433 [rel. aux armes du marquis Louis de Brancas]
Autres sources :
B. - [Source manuscrite :] - Scylla et Glaucus. - partition, ms [1746], XXVIII-204 p. - F-Po/ A 158 a
Nombreuses corrections, modifications, coupures, ajouts et annotations en partie probablement autographes ; propose, pour de nombreux passages, des versions différentes de la version gravée, intervenues sans doute présentations.
Cote source :
F-Pn/ Vm2 432
A-Wn/ SA 80 A 3
F-TLm/ Cons 231
US-Wc/ M 1500 L 452
F-Po/ A 158 b
F-Pc/ D 6954
F-Po/ A 158 a
F-Pn/ Rés Vm2 134
F-Pa/ M 242
F-Pn/ Vm2 433
F-Pc/ Rés F 1364
F-Pn/ Rés Yf 790
F-V/ Réserve Partition in fol 20
B-Bc/ J 15 215
F-Pn/ Rés Yf 2416
F-Pa/ GD 46
F-Pa/ GD 56
F-LYm/ Rés FM 27277
Code source :
JML.087
TRALALA
Type de source :
originale
Notes sur la source :
1er état
La date au titre, lacunaire, a été très proprement complétée à la main sur certains exemplaires («4.e») ; p. blanche après la p. 94 ; la pagination reprend ensuite normalement à 95 ; la p. [159] est numérotée par erreur 158, ce qui crée un décalage ; l'ouvrage présente donc bien au final la collation suivante : [IV]-171-[1] p. (la dernière p. est blanche).
[dédicace :] - «A MADAME LA COMTESSE DE LA MARK. Madame, - Vôtre illustre Nom à la tête de cet ouvrage, Annonce la protection dont vous l'honorés : protection glorieuse; que le goût les connoisances, et les talens que vous réünissés rendent encore plus flateuse. Oui, Madame, permettés moi de le dire, quelques succès qu'ayent eûs les différentes oeuvres que j'ai dejà mises au jour, mon ambition n'eût pas été satisfaite sans vos suffrages. J'entre aujourd'hui dans une nouvelle carriére ; vous daignés, Madame, agréer l'homage de mon premier essai en ce genre : pouvois-je commencer sous de plus heureux auspices ? - Je suis avec un profond respect Madame, Vôtre très humble et très - obéïssant Serviteur. LE CLAIR»
Autres exemplaires du 1er état : - F-LYm/ Rés FM 27277 [1er état, selon RISM, ou 2nd état selon Guillo ; annotations ms ; prov. Académie du Concert, Palais des beaux-arts] - F-Pc/ Rés F 1364 - F-Pn/ Vm2 433 - F-TLm/ Cons 231 - US-Wc/ M 1500 L 452
Références : - RISM A.I/ L 1330 [1er état]
L'ouvrage a connu un 2nd état, peut-être la même année ou l'année suivante. - Dans ce 2nd état, la date au titre a été complétée pour tous les exemplaires, de manière manuscrite comme pour certains exemplaires du 1er état ; la p. blanche entre les p. 94 et 95 a été supprimée ; en guise de correction de l'erreur de pagination du 1er état (deux p. 158), la p. 158 du 1er état a été renumérotée par erreur 159 et la seconde p. 158 a conservé sa numérotation initiale, conduisant à une inversion des deux pages ; au final, la collation est donc bien [IV]-170-[1] p. (la dernière p. est blanche) ; aucune modification musicale apparente.
Exemplaires du 2nd état (ca 1747) : - A-Wn/ SA 80 A 3 [prov. : fonds des ducs de Lorraine] - B-Bc/ J 15 215 - F-Pa/ M 242 - F-Pc/ D 6954 - F-Pn/ Rés Vm2 134 - F-Pn/ Vm2 432 - F-Po/ A 158 b - F-V/ Réserve Partition in fol 20 [RISM : non signalé ; prov. : cachet Adolphe Michel St Rémy, ex-libris Henry Prunières, ex-libris Geneviève Thibault de Chambure] - GB-Lbl
Références : - RISM A.I/ L 1331 [2nd état]
Le privilège, annoncé au titre, est absent des exemplaires consultés.
Comparaison sources : Pas de modification musicale apparente entre les deux états de la source A. - Nombreuses modifications, coupures, corrections dans la source B, qui donne en outre les parties intermédiaires de hautes-contre et tailles de violon pour l'accompagnement des choeurs (parties absentes de la partition gravée, source A) [comparaison détaillée en cours de réalisation].

Informations sur le texte

Note sur le texte :
La scène est en Sicile.
SCYLLA/ ET/ GLAUCUS,/ TRAGEDIE,/ REPRÉSENTÉE/ PAR L'ACADEMIE ROYALE/ DE MUSIQUE ;/ Pour la premiere fois, le Mardi 4 Octobre 1746./ PRIX XXX SOLS./ AUX DEPENS DE L'ACADEMIE./ On trouvera les Livres de Paroles à la salle de l'Opéra & à l'Academie Royale/ de Musique, rue S. Nicaise./ M. D. CCXLVI./ AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI. - in-4°, 69 p. - F-Pn (impr.)/ Rés Yf 790
Dos de la page de titre : «Les paroles de Monsieur d'Albaret./ La Musique de Monsieur Le clair.»
«PREFACE. - Les sujets du Prologue et de la Tragédie, sont tirés l'un et l'autre des Métamorphoses. Ovide parle des Propétides comme Citoyennes de la Ville d'Amathonte : elles nioient la divinité de Venus ; la Déesse irritée les changea en Statues de pierre. L'avanture des Propétides et celle de Scylla étant purement fabuleuses, je me suis cru permis de les réunir sous une même époque, pour lier en quelque sorte le Prologue à la Tragédie. J'ai plus osé : pour avoir occasion de chanter notre glorieux Monarque, je suppose que ces deux évenemens se passent de nos jours ; et je ne crains point de pousser trop loin les prérogatives de la fiction. En effet tels sont les droits de la Poësie dramatique, et l'avantage qu'elle a sur l'Epopée. Celle-ci quelque superieure qu'elle puisse être d'ailleurs, n'offre jamais qu'une narration ; c'est l'action même que l'autre met sous les yeux : Calliope en un mot chante les Héros et les faits sans les déplacer, et sans les faire revivre ; Melpoméne en les transportant au tems même de la représentation, leur donne un nouvel être, et les rend contemporains du Spectateur. - Je dois encore dire quelque chose sur la machine du quatriéme Acte, qui pourroit paroître trop singuliére à ceux qui ne connoissent point les Poëtes Latins : c'est chez eux que j'ai pris mes enchantemens ; je n'ai fait que les mettre en action. Je me suis aussi servi pour amener Hécate sur la scêne, de l'opinion établie dans la fable, touchant cette triple Divinité qu'on a feint être Diane sur la terre, la Lune dans le ciel, et Hécate dans les enfers. La connoissance et l'usage des plantes empoisonnées, qui faisoient la principale science de Circé, m'ont donné l'idée de l'herbe mortelle que lui apporte la Déesse. - Je ne dissimulerai point qu'on m'a reproché de finir trop tristement par la catastrophe de Scylla, et par le tableau de sa métamorphose. Quant au dernier, j'ai cru que ce Spectacle pouvoit avoir sa beauté, et si j'ose dire, son genre d'agrément : et pour l'autre, outre que j'avois été devancé par Thomas Corneille qui ayant traité précisément le même sujet dans sa Circé, et voulant finir par un dénouement heureux, m'a ravi le seul peut-être que j'eusse pu employer ; j'ai bien de la peine à convenir que cette fin tragique soit un défaut pour un Opéra-Tragédie. La peine qu'éprouve le spectateur attendri, n'a-t-elle pas ses charmes ? Je ne sçai même si la satisfaction contraire n'est pas inferieure à cette sorte de plaisir. Le grand point est de toucher, d'interesser assez pour qu'on emporte des regrets : et c'est ce que je n'ose me promettre. - [d'Albaret.]»
«APPROBATION - J'ai lû par ordre de Monseigneur le Chancelier Scylla et Glaucus, Tragédie en musique, et je n'y ai rien trouvé qui doive en empêcher l'impression. A Versailles, ce 11 septembre, 1746. DEMONCRIF.»
à la fin, privilège du roi, daté de 1734
Autres exemplaires : - F-LYm/ Rés FM 27277 - F-Pa/ GD 46 - F-Pa/ GD 56 - F-Pn/ Rés Yf 2416
Commentaires contemporains :
1. - Mercure de France, septembre 1746, p. 128 : - (Annonce de la préparation des représentations à l'Académie royale de musique) - «L'Opera prépare une Tragédie dont la Musique est de la composition de M. le Clerc qui s'est fait une grande réputation dans l'Europe, tant par ses compositions harmoniques que par leur brillante execution ; le sujet de son Opera est la fable de Scylla et de Glaucus, célebre dans les Métamorphoses d'Ovide.»
2. Affiches de Paris, 3 octobre 1746, p. 3 : - (Annonce de la publication de la source A) - «Scylla & Glaucus, Tragédie mise en musique par M. LE CLAIR. représentée pour la première fois par l'Académie Royale de musique le 4 octobre 1746, dédiées à Madame la Comtesse de la Mark. Prix en blanc 21 liv. A Paris, chez l'Auteur, rue Saint Benoît, pres la porte de l'Abbaye S. Germain ; la veuve Boivin, marchande, rue S. Honoré, à la Règle d'or ; & le sieur le Clerc, marchand, rue du Roulle, à la Croix d'or.»
3. Mercure de France, octobre 1746, p. 152-160 : - (Compte-rendu, attribué à Louis Fuzelier) - «Le Mardi 4 Octobre on a donné la premiere représentation de Scylla & Glaucus, Tragédie. Les paroles sont de M. d'Albaret, & la musique de M. le Clair, célébre dans l'Europe par ses sonates sçavantes & travaillées, & par l'élégance de son jeu sur le violon. Son génie se reconnoît dans la composition de son Opéra. - On a vû courir dans le monde, il y a plus de quarante ans, un Glaucus de l'Abbé de Calcavi, mis d'abord en musique par un maître de Clavecin, nommé M. Cuvilier, & à sa mort corrigé & ajusté par un habile maître à chanter, & malgré toutes ces réparations toujours refusé. Le Glaucus de M. d'Albaret a été plus heureux. M. d'Albaret dit dans sa Préface qui est fort bien écrite, que les sujets du Prologue & de la Tragédie sont tirés l'un & l'autre des Métamorphoses. Ovide parle des Propétides, comme citoyennes de la Ville d'Amathonte. Elles nioient la divinité de Venus : la Déesse [i]rritée les changea en statues de pierre. Cette fable des Propétides forme le Prologue, & M. d'Albaret l'a choisie comme analogue à celle de Scylla. Ce Prologue est ingénieux & bien écrit. - La premiere scéne de la Tragédie ouvre par l'indifférente Scylla, qui dit. - Non, je ne cesserai jamais - De fuir tes dangereuses chaines, - Amour; les biens que tu promets - Peuvent-ils égaler tes peines ? - Sa confidente Témire arrive qui lui annonce une fête préparée par ses Amans, Bergers & Silvains ; elle lui parle aussi de l'amour de Glaucus ; Scylla marque pour tous une égale froideur. La fête champêtre arrive dans laquelle il y a plusieurs jolis airs, entre autres une musette fort agréable. Scylla peu touchée des hommages que lui rendent ses adorateurs, ne traite pas mieux Glaucus, pour qui elle doit bien-tôt devenir sensible. Nymphe, dit Glaucus - Nymphe, tout sur ces bords célébre vos appas ; - Des jeux & des plaisirs c'est ici la retraite ; - Les amours ne vous quittent pas ; - On diroit à les voir attachés sur vos pas - Qu'ils méditent votre défaite. - Il y a dans le cours de cette scéne un morceau de chant fort agréable ; c'est Glaucus qui dit à Scylla, - Quand je ne vous vois pas, je languis, je soupire ; - Je goûte auprès de vous mille plaisirs parfaits, - Et quoique vos beaux yeux causent tout mon martyre - J'oublie en les voyant tous les maux qu'ils m'ont faits. - Glaucus désespéré des rigueurs de Scylla, prend le parti d'aller implorer le secours de Circé. On pourroit avec justice reprocher à cet amant qu'il y a peu de délicatesse à vouloir obtenir son bonheur par le moyen d'une Magicienne ; Glaucus en est bien puni, parce qui lui arrive chez Circé. - On connoît le caractére de cette fameuse amante d'Ulisse & de tant d'autres. Il est peint ici avec une grand vérité. Circé avoue naivement à sa confidente qu'elle ne peut se passer d'aimer. - Mon coeur est fait pour s'enflammer. - J'oppose en vain ma résistance ; - Il languit dans l'indifférence - Et ne peut vivre sans aimer. - Apprends ce qu'aujourd'hui le sort m'a fait connoître ; - J'ai sçû découvrir que l'Amour - Améneroit dans ce séjour - Un amant rebuté, trop fidéle peut-être... - On n'est pas étonné après cela de voir Circé s'enflammer pour Glaucus, dès qu'elle le voit paroître. Glaucus implore le secours de son art pour attendrir Scylla ; mais c'est pour elle-même ; c'est pour rendre Glaucus sensible à sa nouvelle passion, que Circé va travailler ; cet incident améne naturellement une fête galante où les ministres de Circé s'éforcent de séduire Glaucus. Le charme réussit, Scylla est bien-tôt oubliée, & Glaucus animé d'une passion nouvelle, tombe aux pieds de Circé, mais l'effet du charme ne dure pas long tems. Le confident de Glaucus vient lui apprendre que Scylla gémit de son absence. Le nom seul de Scylla rompt l'enchantement ; Glaucus revient à lui même, & quitte Circé avec précipitation, pour voler auprès de sa maîtresse. On imagine aisément qu'elle est la fureur de Circé, lorsqu'elle voit ses espérances trompées ; elle jure de se venger, & ne tiendra parole que trop exactement. Scylla ouvre la troisiéme acte, mais ce n'est point cette beauté fière du premier acte qui mettoit toute sa gloire & tous ses plaisirs à mépriser les voeux des amans. - Sermens trompeurs, tendre langage, - Ah ! qu'il est dangereux de vous trop écouter ; - Eh ! que seroit-ce, hélas ! si j'avois pû compter - Sur la foi d'un amant volage ? - Sermens trompeurs, &c. - Glaucus, n'est plus sur ce rivage ; - Thémire, un autre objet l'engage. - Il auroit été à souhaiter que ce changement subit de Scylla eut été annoncé, rien ne le prépare, mais cela n'empêche pas que la scéne qui suit ne soit remplie de traits fins & galans, exprimés avec esprit. Glaucus après avoir juré à Scylla de l'aimer toujours, continue : - Mais pourquoi des sermens emprunter le langage ? - Vos yeux seuls de mes feux ne répondoient-ils pas ? - Ce n'est point avec tant d'appas - Que l'on voit son amant volage. - Scylla ne s'explique pas avec moins de finesse, lorsqu'elle répond aux instances passionnées de Glaucus. - Je crains votre infidélité, - Je m'en plains ; puisse-je mieux dire que je vous aime ? - Glaucus appelle les Divinités de la mer, & les exhorte à chanter sa victoire, la fête est troublée par Circé ; tout suit à l'aspect de la Magicienne jalouse, qui termine l'acte par un monologue de fureur. Le quatriéme acte ouvre par une scéne entre Circé & Glaucus, où le premiere fait de vains efforts pour ramener Glaucus. Il y a dans cette scéne un morceau de Chant très-expressif & très-touchant. C'est celui où Circé dit à Glaucus, - Reviens ingrat, mais cher amant, - Et reprends de si douces chaînes. - Reviens dans un séjour charmant, - Où pour nos tendres coeurs l'amour exempt de peines, - Devoit par les plaisirs marquer chaque moment. - Reviens, &c. - Scylla arrive sur ces entre-faites, & sa présence allume la jalouse colére de Circé, cependant celle ci feint de se rendre aux larmes de Glaucus, mais ce n'est que pour perdre sa rivale avec plus de sûreté. En effet, dès que les deux amans sont sortis, Circé commence ses conjurations magiques pour se venger de sa rivale. C'est dans ces morceaux que les Musiciens déployent toutes les ressources de leur Art, & M. le Clair a montré ici l'étendue de ses talens. Cette magie a été trouvée fort belle, & il n'y a eu qu'une voix. On a vu avec plaisir le nouveau Spectacle que M.D. a introduit. La Lune attirée par les conjurations de Circé descend du Ciel, & se précipite aux Enfers ; alors ce n'est plus Diane, c'est Hecate, & en effet on la voit sortir des Enfers. Elle apporte à Circé - Le plus mortel poison - Qu'ait sur ses tristes bords produit le Phlegeton. - C'est ce poison qui sera l'instrument de la vengeance de Circé. - Le Théatre réprésente au cinquiéme acte un lieu préparé pour une fête : on voit une fontaine dans le fond du Théatre. - Glaucus & Scylla remplissent la premiere scéne de tendres sentimens mélés de crainte ; le souvenir de Circé inquiette la Nymphe. Son amant tache de la rassurer. Peut-être, dit-il, en parlant de Circé, - Peut-être que son coeur si prompt à s'enflammer - De Glaucus pour jamais a perdu la mémoire. - Eh quoi ! répond Scilla. - Eh quoi! Scylla peut-elle croire - Que l'on cesse de vous aimer ? - A la fin de cette scéne on voit paroître les Habitans de la Sicile qui viennent célébrer le jour de la délivrance de leur Pays, lequel avoit été soumis à l'Empire tyrannique des Cyclopes. Glaucus plus occupé de son amour que de la fête : s'écrie en voyant la fontaine que Circé a empoisonnée : - C'est au bord de cette fontaine - Pour la premiere fois que je vis vos beaux yeux. - Scylla répond : - Un souvenir si précieux - Vers son charmant cristal m'entraîne. - A ces mots elle regarde dans la fontaine ; le charme de Circé opére ; Scylla aprouve sa cruelle vengeance, & court se précipiter dans la mer, malgré les soins & les efforts de son amant éperdu. Circé vient jouir de la douleur de Glaucus, & lui apprend la catastrophe funeste de sa rivale. - Le Théatre change & représente la mer & le détroit de Sicile. On voit d'un côté le promontoire de Rhege, & de l'autre un rocher représentant une femme, ayant le corps d'une Syrene, & des monstres qui semblent aboyer autour d'elle. La douleur de Glaucus est un nouveau triomphe pour l'ennemie qu'il a méprisée. Il sort, & elle ferme le Théatre par ces Vers. - Que ce rocher monument de ma rage, - Près de ce goufre dangereux - Soit un accueil encor une fois plus affreux, - Et qu'offrant à jamais un funeste assemblage, - Pour le malheur de l'univers, - Et Charybde & Scylla soient la terreur des mers.»
4. - Mercure de France, novembre 1746, p. 122 : - «L'Académie Royale de Musique à continué les représentations de Scylla et Glaucus dont nous avons donné l'extrait dans le Mercure précédent. On donnera encore cet Opera les jeudis. On a joint pendant quelques représentations une Pantomime nouvelle d'une Jardiniere & un Jardinier : la jardiniere étoit Mademoiselle Dallemand & le jardinier M. Pitro, tous deux ont fait admirer une légereté & une force étonnante accompagnées de toutes les graces.»

Références et catalogues

Référence bibliographique : RISM A.I/ L 1330 - RISM A.I/ L 1331 - Lesure/ p. 378 - PMR Toulouse/ 1650
Discographie : «Leclair - Scylla et Glaucus» - D. Brown (Scylla), H. Crook (Glaucus), R. Yakar (Circé), C. Dubosc (Dorine), F. Golfier (L'Amour), A. Mellon (Vénus), R. Schirrer (Licas), E. Vidal (Témire) ; The Monteverdi choir ; The English Baroque Soloists ; dir. John Eliot Gardiner - Erato ECD 75339 (1988) - rééd. Erato «Musifrance» MF 2292-45277-2 (1986)

Production scénique

Décor : Sicile

Dates et lieux

Note sur les dates :
1746.10.03 : annonce de la publication de la partition (source A) dans les Affiches de Paris
1746.10.04 : 1re représentation à l'Académie royale de musique ; dans le même mois, le Mercure de France fit paraître un compte-rendu de l'opéra, attribué à Louis Fuzelier.
1746 : édition source A, 1er état, et source littéraire A
1747 ca : 2nd état de la source A
1747 : 1re représentation de l'opéra par le Concert de Lyon, à l'Académie des beaux-arts, sous la direction du frère du compositeur, Jean-Marie Leclair le cadet ; il fut repris dans les mêmes conditions entre 1750 et 1755.
Lieu cité :
PARIS, Académie royale de musique
LYON, Académie des beaux-arts

Rôles et personnages

Rôle(s) cité(s) : Vénus Chef des peuples d'Amathonte Glaucus Scylla Circé Dorine Licas Bergère Sylvain Hécate Berger Témire Dryade Divinités de la mer Divinités des enfers Ministres de Circé Propétides Siciliens Bergers Sylvains Démons Sicilienne Peuples d'Amathonte L'Amour Sacrificateurs Suivante de Circé
Notes sur le ou les rôles : Les noms des interprètes proviennent de la source littéraire. PROLOGUE : - Vénus, ut1, Mlle ROMAINVILLE - L'Amour, ut1, Mlle CAZEAU - Le chef des peuples d'Amathonte, sacrificateur, fa4, Mr PERSON - Première Propétide, ut4, Mr CUVILLIER - Deuxième Propétide [NN] - Choeur des Propétides - Peuples d'Amathonte - Peuples d'Amathonte/ Personnages dansans : - Mlle LE BRETON - Mr MATIGNON, Mlle LYONOIS - Mrs DANGEVILLE, CAILLEZ, LYONOIS, FEUILLADE - Mlles PUVIGNEE, MINOT, DU CHÂTEAU, DEVAUX ACTEURS CHANTANS Dans les choeurs. - CÔTÉ DU ROI : - Mlles DUN, TULOU, DELORGE, LARCHER, DELÂTRE, CAZEAU, LURCY, MONBRUN - Mrs LEFEBVRE, MARCELET, LE PAGE C., LAUBERTIE, FEL, BOURQUE, HOUBAULT, BORNET, DUCHÊNET, GALLARD, ROCHETTE, PINOT CÔTÉ DE LA REINE : - Mlles CARTOU, MONVILLE, RIVIÈRE, MASSON, RÔLLET, DELORME, GONDRÉ - Mrs DESERRE, GRATIN, S. MARTIN, LE MESLE, BELLANGER, LEVASSEUR, BELOT, LOÜATRON, TERRASSE, CHAPTIN, DUGUÉ, QUINTIN TRAGÉDIE : - Glaucus, dieu marin, ut3, Mr JELIOTE - Scylla, nymphe, ut1, Mlle FEL - Circé, magicienne, ut1, Mlle CHEVALIER - Témire, confidente de Scylla, ut1, Mlle COUPÉE - Dorine, confidente de Circé, ut1, Mlle JAQUET - Licas, confident de Glaucus, fa4, Mr de la MARE Acteurs des divertissements : - Une driade [NN] - Une bergère [NN] - Un berger, amant de Scylla, ut3, Mr de la TOUR - Un silvain, amant de Scylla, fa4, Mr ALBERT - Une coriphée des suivants de Circé, sol2, Mlle CAZEAU - Une sicilienne [NN] - Hécate, ut4, Mr ALBERT - Troupe de Bergers et de Silvains (rôles dansés) : - Mr D. DUMOULIN, Mlle CAMARGO - Mlles COURCELLE, S. GERMAIN, LYONOIS c. MINOT, SAUVAGE, DU CHÂTEAU - M. PITRO - Mrs MATIGNON, DUMAY, MONSERVIN, DU PRÉ, LIONOIS, FEUILLADE - Troupe de Ministres de Circé : - Mr DU PRÉ - Mrs HAMOCHE, DANGEVILLE, P. DUMOULIN, CAILLEZ, FEUILLADE, LYONOIS - Mlles COURCELLE, S. GERMAIN, THIERY, BEAUFORT, LYONOIS C. MINOT - Troupe de Divinités de la Mer : - Mlle DALLEMAND - Mrs DUMAY, DU PRÉ, LYONOIS, CAILLEZ - Mlles ROSALI, PETIT, BEAUFORT, THIERY - Troupe de divinités des Enfers : - [NN] - Démons (rôles dansés) : - Mr PITRO - Mrs DUMAY, DU PRÉ, CAILLEZ, HAMOCHE, MATIGNON - MONSERVIN, FEUILLADE, LYONOIS - Troupe de Siciliens : - Mlle CAMARGO - Mrs MATIGNON, MONSERVIN - Mlles CARVILLE, LYONOIS - Mrs MALTER c. FR. DUMOULIN - Mlles SAUVAGE, THYERY - Mrs LYONOIS, DEVICE - Mlles ROSALI, PETIT
Noms cités : OVIDE FUZELIER, Louis CALCAVI, abbé de ROYER, Joseph-Nicolas-Pancrace CUVILIER : maître de clavecin LA MARCK, Mr de BRANCAS, duchesse de AYEN, duc d' LA SALLE, Mr de ANTIN, duc d' CORNEILLE, Thomas
Note sur les noms cités : Marie-Anne-Françoise de Noailles, née en 1719, épousa en avril 1744 le comte Louis-Pierre de La Mark, ambassadeur de France près de la cour d'Espagne de 1739 à 1741. Pratiquant le clavecin et le chant en bonne amatrice, la comtesse aimait à réunir chez elle une troupe d'amateurs, tant chanteurs qu'instrumentistes, placés sous la direction du compositeur Joseph-Nicolas-Pancrace Royer, pour des soirées au cours desquelles étaient représentées des pages d'opéra. Dans ses mémoires, le duc Charles-Philippe d'Albert de Luynes a noté, à la date du 19 décembre 1746 (Mémoires, Paris, 1860-1865, tome VIII, p. 13) : «On a recommencé depuis peu de jours à jouer l'opéra chez Mme de la Marck. Mme de la Marck est grande musicienne : elle joue du clavecin parfaitement ; outre cela elle a de la voix, et aime beaucoup mieux chanter que jouer du clavecin, quoique ce talent ne soit pas à beaucoup près aussi supérieur en elle que l'autre. M. de la Marck son mari joue de la basse de viole. Mme de la Marck s'est mis dans le goût de faire exécuter des opéras chez elle sans se servir d'aucun des acteurs de l'opéra ; ce sont toutes personnes de ses amis en hommes et en femmes. Mme la duchesse de Brancas est de ce nombre, M. le duc d'Ayen, M. de la Salle, M. le duc d'Antin. l'orchestre même est composé de gens de connaissance, excepté deux ou trois violons de l'opéra pour conduire ceux qui jouent. C'est Royer, fameux maître de musique, qui bat la mesure. À l'égard des choeurs, ils sont composés de chantres de la Sainte-Chapelle ; mais comme ce sont des prêtres, ou au moins qui en portent l'habit, ils sont derrière le théâtre et on ne les voit point. Il y a des habits et des machines à ces opéras, et la dépense se fait à frais communs ; tous les acteurs du théâtre et de l'orchestre y contribuent.» Il est aisé de reconnaître là que c'est Scylla et Glaucus que l'on représenta chez la comtesse, dédicataire de la partition de Leclair. Pour le duc de Luynes, friand de l'actualité musicale parisienne et de la cour, «l'opéra» désignait en effet d'ordinaire, dans ses Mémoires, la pièce que le public de l'Académie royale de musique courait alors applaudir, ou fustiger.

Notes et attributions

Notes et références : Tragédie en musique composée d'un prologue et de cinq actes. Cette oeuvre est découpée en 169 fragments qu'il est possible de visualiser les uns après les autres : accéder à la recherche par lexique, sélectionner le champ 'catalogue Philidor', saisir 'JML.087*' et visualiser le lexique (en cliquant sur [chercher]), sélectionner tous les descripteurs (en cliquant sur [tous]) avant de valider sa requête. Lancer la recherche.
Auteur de la saisie : Joséphine Ménard - Barbara Nestola - Thomas Leconte

Fragments de cette œuvre :

PHILIDOR4